La Colonne (tome 2) by Lucien Descaves

La Colonne (tome 2) by Lucien Descaves

Auteur:Lucien Descaves [Descaves, Lucien]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Roman, Historique, Société, Littérature française, 20e
Éditeur: Bibliothèque numérique romande
Publié: 2020-03-19T00:00:00+00:00


Et, se solidarisant avec le neveu pour se concilier l’indulgence et l’appui de l’oncle, il ajouta, malin : — Je suis dans la même situation que Ferdinand : révolutionnaire malgré moi !

Agrippé par Adrien, Prophète allait le suivre dans le débit, lorsque Céline en sortit. Elle était en noir, avec un châle et un chapeau de cérémonie, sur lequel bougeait un oiseau du goût le plus détestable. Il avait l’air de s’être pris les pattes dans la paille et de s’épuiser en vains efforts pour s’envoler. Madame Lhomme embrassa le vieux. « Tu tombes bien… Tu vas garder les enfants, tandis que j’irai jusqu’au cimetière. Ferdinand aurait bien voulu y venir aussi, mais aujourd’hui, c’est guère possible, tu comprends… Ce pauvre père Mazoudier… Est-ce malheureux ! »

Des tambours battant l’assemblée couvrirent sa voix. Du débit, des tables qui garnissaient la tonnelle, des fédérés s’élancèrent, rompant les faisceaux, rattachant leurs ceinturons, se bousculant. La compagnie se formait devant la Mairie, au commandement de Quélier, qui avait conservé ses avantages vocaux de sous-officier et les déployait avec complaisance. Il était vraiment à son aise sous les armes et les femmes ne laissaient pas que de le remarquer.

Le petit Adrien tira son oncle par la manche. « Allons les voir manœuvrer… »

Ils se rapprochèrent des gardes nationaux auxquels Quélier faisait exécuter quelques mouvements préparatoires, autant à son bénéfice qu’au leur. Prophète souriait ; à côté de lui, Lépouzé observa, peloteur : « Dame !… Ils n’ont pas l’expérience de vieux soldats comme vous, bien sûr… »

— Oui, c’est l’ensemble qui manque, critiqua l’invalide. Pas de discipline dans le service, pas de discipline dans les mouvements. Tout se tient. Voilà l’affaire.

Enfin, le capitaine commanda : — Par le flanc droit… droite ! En avant… marche !

Et, précédée des tambours et de la musique, la compagnie s’ébranla. Presque aussitôt, Trinquet, ceint de l’écharpe rouge à glands d’or des membres de la Commune, quitta la Mairie, avec un membre du Comité central portant la même écharpe rouge, mais à franges d’argent. Et derrière eux tout le faubourg descendit, femmes, enfants, retardataires, vidant les cabarets. La chaussée était noire de monde.

— Ils auront les funérailles d’un empereur, dit Adolphe.

— Et c’est bien leur tour ! dit bêtement Jéricho, déjà éméché par maintes stations chez les mastroquets.

Depuis un quart d’heure, Ninie surveillait du coin de l’œil Rabouille, qui causait maintenant avec des camarades. Elle attendait son départ pour l’aborder au passage et faire avec lui le chemin. Mais elle avait compté sans Céline que le mécanicien eut vite rattrapée lorsqu’elle s’en alla.

« Parbleu ! murmura la cravatière. Faut-il que je sois dinde pour n’avoir pas prévu ce coup-là ! »

Et elle les suivit de loin, le cœur gros, les nerfs tendus.

La place était balayée ; Prophète allait proposer aux enfants une promenade aux Buttes-Chaumont, quand il vit le Piémontais, en pantalon de velours à côtes et ceinture rouge, sortir de chez Ferdinand, où il venait de déjeuner. Il n’avait pas l’air pressé et bourrait tranquillement une pipe.

L’invalide se



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