La colère by Fiona Mcintosh

Auteur:Fiona Mcintosh [Mcintosh, Fiona]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 2013-02-23T14:21:22+00:00

Corbel fut absorbé au sein d’une matrice de ténèbres.

— Ah ! je me demandais quand vous vous présenteriez, dit une voix dans son esprit.

Surpris, il se figea et sentit son ventre se nouer tandis que la magie l’enveloppait.

— Moi qui croyais que vous, les fils De Vis, vous n’aviez peur de rien, le taquina la voix.

— Quirin ? demanda-t-il dans le néant, en tendant timidement la main pour toucher cette magie.

— Évidemment, à qui croyiez-vous avoir affaire ? Aludane ?

Il rit nerveusement, puis se reprit.

— Je… je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre.

— Ah ! on croirait entendre votre frère. Vous êtes bien des jumeaux, vous êtes tous les deux entrés ici de la même manière, sur la pointe des pieds. Cependant, lui a cru que je pouvais l’entendre. Vous, au moins, vous êtes passé facilement à la télépathie. Je suis impressionnée.

Corbel sentit ses cheveux se dresser sur sa nuque lorsqu’elle parla de son frère.

— Vous avez vu Gavriel ? lui demanda-t-il avec angoisse, car la simple mention de son propre nom de famille lui faisait mal au cœur.

— J’ai parlé trop vite. Vous êtes faits du même bois, tous les deux. Non, bien sûr que je ne l’ai pas vu ! Je suis aveugle !

Il balbutia des excuses.

— Je voulais dire…

— Je sais ce que vous vouliez dire. Mais j’aime mettre les gens mal à l’aise, surtout les jeunes gens. Une vieille aveugle décrépite comme moi n’a hélas guère d’autres façons de s’amuser.

Corbel retint son souffle, ne sachant trop quoi répondre.

— Voilà que vous avez perdu votre langue. Vous n’avez pas l’habitude qu’on vous parle comme ça, hein ?

— Puis-je reprendre du début, Quirin ?

Elle pouffa dans l’esprit de son visiteur.

— Eh bien, si vous êtes son jumeau, vous devez être tout aussi beau que Gavriel De Vis. Or, je ne vois pas beaucoup d’hommes par ici à qui je puisse conter fleurette.

Il tenta une autre approche.

— Voudriez-vous que je vous dise que vous êtes belle ?

Cette fois, elle rit tout haut.

— Oui, cela me ferait plaisir, même si je croirais à un mensonge, surtout que vous ne pouvez rien voir dans ce monde obscur dans lequel je vis.

Corbel savait qu’il allait la surprendre lorsqu’il se servit de ses sens pour la rejoindre à l’endroit où elle était assise. Prudemment, à tâtons, il chercha sa main et la prit dans la sienne.

— Je voulais dire que vous êtes belle à l’intérieur. Je ne vous connais pas, Quirin, mais je suis sûre que vous avez été très gentille avec mon frère. Voudriez-vous me parler de lui ? Comme vous, je suis resté sourd et aveugle au monde que j’aime pendant des annis. Savoir que mon frère est en vie me serait d’un grand réconfort.

— Qu’obtiendrai-je en échange ?

— Que voudriez-vous ?

Il sentit que sa réplique l’avait amusée ; cette émotion effleura son esprit comme une caresse.

— Laissez-moi vous toucher. (Du bout des doigts, elle chercha son visage.) Ah ! oui, rasé de près. Et les cheveux encore humides, vous venez tout juste de prendre un bain.

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