La clique by Richard Stark

La clique by Richard Stark

Auteur:Richard Stark [Stark, Richard]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Gallimard/Série Noire
Publié: 1964-03-31T23:00:00+00:00


XIII

Le même jour, et à plus de mille kilomètres de là, dans l'Est…

Une fois par mois, Éric LaRenne mettait un complet marron pour aller se balader en avion. La doublure de sa veste était matelassée. De soixante-quinze mille dollars en billets.

Si Éric LaRenne avait été choisi pour ce boulot, c’était d’abord qu’il faisait déjà partie de l’Organisation ; ensuite, il habitait la ville en question ; enfin, il était digne de confiance. En plus, il avait la taille mannequin, trente-six court, et ce dernier atout était le plus important, car le type qu’il devait rencontrer était précisément du même format.

Ce type, c’était Marc Hanks, et il possédait les précieuses qualités d’Éric LaRenne. Une fois par mois, il recevait une dépêche ; c’était le jour même où Éric LaRenne recevait son coup de fil mensuel en provenance d’une ville du Nord. La dépêche était toujours libellée dans les mêmes termes : Mère malade. Obligée retarder visite. Effie. Les jours où arrivait cette dépêche, Marc mettait son complet marron et allait à l’aéroport attendre l’avion de cinq heures vingt, qui arrivait du Nord.

Le jour fixé pour la virée en avion d’Éric LaRenne commençait toujours de la même façon : tôt le matin, il recevait un coup de fil. Généralement, vers neuf heures et, la plupart du temps, c’était cette sonnerie qui le réveillait. Une voix féminine assez froide lui passait toujours la même information :

— Nous confirmons que nous vous avons retenu une place pour Miami, dans l’avion d’une heure cinquante, cet après-midi.

— Je vous remercie, répondait-il avant de raccrocher.

Puis il allait prendre sa douche, se raser, et mettait son complet marron. Après quoi, il gagnait les bureaux de l’Argus Imports.

À l’Argus Imports, c’était invariablement dans le bureau de Mike Semmel qu’il se rendait directement. Il enlevait sa veste qu’il tendait à Mike, lequel lui donnait en échange une autre veste marron en tous points semblable ; mais si on en avait palpé la doublure, ça aurait produit un froissement de papier. LaRenne n’avait plus qu’à enfiler la veste et à sortir du bureau ; il se taperait un petit déjeuner pépère avant d’aller prendre son avion. Ce n’était pas un vol direct : il y avait une correspondance à peu près à mi-chemin, et l’attente durait quarante minutes. LaRenne poursuivait son voyage jusqu’à Miami où il passait quelques jours ; mais sa mission était terminée à l’escale de correspondance.

Selon le plan établi, Hanks se trouvait à l’aéroport quand l’avion de LaRenne s’y posait. LaRenne descendait de l’appareil et se rendait à l’aérogare pour y passer les quarante minutes d’attente. C'était le temps dont Hanks et lui disposaient pour échanger leur veste dans un endroit propice, soit au snack-bar, soit dans le lavabo des hommes, ou encore sur la terrasse – c’était à Hanks de décider. Puis LaRenne grimpait dans l’avion de Miami. Hanks prenait un taxi et retournait en ville, au siège de la Winkle's Custom House Trucking, où il était introduit directement dans le bureau de M. Winkle. Là, il



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