La Cité du savoir by Nadia Coste

Auteur:Nadia Coste [Coste, Nadia]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature française, Fantastique, Magie
Éditeur: Scrineo
Publié: 2023-04-20T12:11:12+00:00

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Dans la première taverne où le groupe de saltimbanques s’arrêta, Goès mit d’office un grand verre de kòupa dans les mains de Théo, pour qu’il trinque avec eux. La boisson n’était pas très courante, sur Hiklion, mais prisée des confréries de Philopolis pour son goût anisé. Théo trempa ses lèvres dans le verre, et décida aussitôt que la dose serait suffisante. Il sentait déjà la pointe de ses oreilles se réchauffer. Il mangea des olives en écoutant les hommes parler, portant régulièrement son verre à ses lèvres sans boire. Il échangeait sa boisson avec celle de Dipsan, un manutentionnaire au nez plat, qui se chargeait de descendre les deux verres à tour de rôle, sans s’inquiéter. Pour n’importe quel observateur, le verre de Théo se vidait à bon rythme.

La taverne était typique des hauteurs de Philopolis : propre, décorée de toiles peintes ou de sculptures, avec de délicats bouquets au centre des tables. Les saltimbanques restaient un peu à part des autres clients, Marchands ou Législateurs, qui terminaient leur dîner par un verre ambré. Sur une estrade, des instruments de musique attendaient leurs propriétaires, dont la prestation était prévue en fin de soirée.

Les verres s’enchaînèrent sous l’œil vigilant de l’aubergiste. Théo tenta de refuser de nouvelles boissons, mais le lanceur de couteaux insista, alors l’adolescent reprit son manège pour se débarrasser de ses verres grâce à son voisin.

— Qu’est-ce que tu vas nous ramener, Goès, cette fois-ci ? demanda Agrios, le second lanceur de couteaux, alors que la soirée était bien entamée.

— On pourrait renouveler les costumes des danseuses, proposa Keltus, l’un des chorégraphes qui portait les cheveux longs, attachés dans le cou. À force de les coudre et les découdre, j’ai peur qu’ils ne craquent à la prochaine représentation !

— Remarque, ça ferait de l’animation ! rit grassement Dipsan.

Théo regretta un peu de l’avoir soûlé à son insu. L’établissement était trop respectable pour les plaisanteries douteuses sur les danseuses qui se retrouveraient nues sur scène. Le garçon se tourna vers Goès :

— Je ne savais pas que tu rapporterais des costumes ! C’est ta famille qui en confectionne ?

Goès grimaça et c’est Horkos, le cracheur de feu, qui donna une grande tape dans le dos du lanceur de couteaux.

— Sa famille ? dit-il, amusé. Mais c’est nous, sa famille !

Goès bougeait, secoué par les tapes de plus en plus fortes de son ami éméché. Théo fronça les sourcils.

— Mais tu avais dit…

— Ne crois pas tout ce qu’il te dit, le prévint Keltus.

Goès haussa les épaules en une maigre protestation.

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