La châtelaine de Mallaig by Diane Lacombe

Auteur:Diane Lacombe [Lacombe, Diane]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Aventures & Passions
Publié: 2012-06-22T12:17:55+00:00

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Les serfs et les gens du château avaient quitté la grand-salle depuis longtemps lorsqu'on alluma toutes les torches et qu'on remporta les restes des plats aux cuisines. Cette première journée de l'an de grâce 1425 tirait à sa fin et la fatigue semblait maintenant avoir gagné tout le monde. Les lairds et leurs épouses qui demeuraient au château pour la nuit avaient pris place autour de l'âtre et écoutaient béatement les musiciens qui interprétaient des pièces tranquilles. Soudain, quelqu'un s'avisa de faire chanter la châtelaine. Dame Rosalind fut celle qui insista le plus auprès de la jeune femme, qui finit par céder, au grand plaisir de l'assemblée. Le seigneur Iain dut se résigner à laisser s'échapper de ses bras son épouse qu'il tenait enlacée depuis la fin des danses, assis avec elle au bout d'un long banc, sous le regard amusé de tous. Jamais Iain n'avait affiché si ouvertement devant sa famille sa tendresse et son attachement pour une femme.

Toutes les dames, sauf une, étaient littéralement sous le charme du jeune chef de clan visiblement épris de son épouse. Dame Beathag, qui n'était pas de nature à ronger son frein, avait profité de toutes les occasions pour se distraire du spectacle de son beau-frère amoureux, n'hésitant pas à lorgner du côté des lairds à plusieurs reprises.

Le seigneur Tòmas s'était aperçu de son manège et en avait conçu quelque appréhension pour l'harmonie familiale. Il fut soulagé de la voir finalement jeter son dévolu sur Raonall, un cousin célibataire, fils de Rosalind. A l'heure des chants, Tòmas les vit s'éclipser de la grand-salle, Raonall tenant les bras de Beathag et de sa suivante, toutes les deux gloussant de plaisir. Hochant la tête de résignation, il ne put s'empêcher de penser à la jeune fille qu'il avait courtisée au château de Duart le mois précédent. Il aurait bien voulu tenir lui aussi dans ses bras une femme à qui il aurait murmuré « ma bien-aimée ». Il se versa un autre hanap de uisge-beatha.

Dame Gunelle était particulièrement en voix ce soir-là. Depuis le temps, elle avait mis au point une fort belle suite de chansons avec le joueur de clàrsach, et les chants qu'ils interprétèrent ravirent leur auditoire. Le joueur de piob, qui connaissait plusieurs des airs, décida de les accompagner en sourdine, de l'autre bout de la salle. Le moment fut extraordinaire pour tous.

Assis un peu en retrait du cercle des fauteuils, Iain eut l'impression très nette, en regardant son épouse, qu'elle ne chantait que pour lui, comme la nuit de son accident dans les Grampians. Anna, qui s'était approchée sans bruit de son jeune maître, vint s'accroupir à ses côtés et ne put s'empêcher de lui prendre la main. Elle lisait sur son visage l'expression de bonheur qu'il avait enfant quand elle le prenait sur ses genoux pour lui démêler les cheveux ou simplement pour le caresser en chantant. Iain tourna la tête dans sa direction et lui murmura, en lui pressant les doigts :

«Anna, écoute chanter la deuxième fée de ma vie.

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