La case de l'oncle tom by Harriet Elizabeth Beecher Stowe

La case de l'oncle tom by Harriet Elizabeth Beecher Stowe

Auteur:Harriet Elizabeth Beecher Stowe [Stowe, Harriet Elizabeth Beecher]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Publié: 1851-07-02T23:00:00+00:00


Chapitre 21

Topsy.

Un beau matin, miss Ophélia se livrait à ses occupations domestiques, lorsque la voix de Saint-Clair, qui l’appelait, se fit entendre au pied des escaliers.

« Descendez donc, cousine, j’ai quelque chose à vous montrer.

– Qu’y a-t-il ? demanda miss Ophélia, descendant, son ouvrage en main.

– J’ai fait une acquisition qui vous concerne, voyez ici ! » Et Saint-Clair poussa devant elle une petite négrillonne qui pouvait avoir huit à neuf ans.

Elle était des plus noires de sa race ; ses yeux ronds, brillants, inquiets, promenaient incessamment sur tout ce que contenait la chambre leurs étincelantes prunelles de jais. Sa bouche, entr’ouverte d’étonnement en présence des merveilles que renfermait le salon du nouveau maître, laissait apercevoir deux rangées de dents d’un éclatant émail. Ses cheveux laineux, divisés par tresses serrées en une multitude de petites queues droites, les plus drôles du monde, se hérissaient en tous sens. Il y avait dans sa physionomie un singulier mélange de sagacité et d’astuce, à demi voilé sous une solennelle expression de gravité dolente. Elle était à demi couverte d’un affreux et dégoûtant sarreau de toile à sac en guenilles, et se tenait droite, les mains modestement croisées devant elle. Tout l’ensemble répondait à l’idée qu’on se fait d’un lutin, d’un malin esprit. Comme l’avoua plus tard miss Ophélia, « cette petite mine sauvage et païenne lui avait tout d’abord fait peur » ; aussi, se tournant vers Saint-Clair :

« Au nom du ciel, dans quel but nous amenez-vous cette chose ?

– Pour vous l’offrir, cousine ; vous ferez son éducation ; vous la conduirez dans le droit chemin. Il m’a semblé que c’était un fort drôle de petit échantillon du genre burlesque – Holà ! Topsy ! – et Saint-Clair la siffla comme on siffle un chien, – régale-nous d’une petite chanson et de quelques cabrioles. »

Les yeux de jais étincelèrent d’une gaieté diabolique, et la petite chose lança dans l’air, d’une voix perçante, la plus étrange mélodie nègre qu’accompagnèrent les trépidations grotesques de son corps et de tous ses membres : elle tournait, virait, battait des mains, cognait ses genoux l’un contre l’autre à l’improviste, et tirait de son gosier ces bizarres sons gutturaux qui distinguent la musique primitive de sa race. Enfin, après deux prodigieuses culbutes, poussant, en façon de point d’orgue final, une note aiguë et prolongée, plus semblable au sifflet sauvage d’une machine à vapeur qu’à aucun autre son connu, elle retomba debout sur le tapis, les mains pieusement jointes, avec ce même air béat et solennel que démentaient les éclairs rusés, furtifs, obliques, échappés du coin de ses yeux.

Miss Ophélia, pétrifiée, gardait le silence.

Saint-Clair, en vrai vaurien, jouissait avec un malin plaisir de sa stupéfaction, et s’adressant à l’enfant :

« Topsy, lui dit-il, regarde ! c’est là ta nouvelle maitresse ; je lui fais cadeau de toi. À présent, vois à te bien comporter.

– Oui, maître ! dit la petite sainte nitouche, toujours grave et solennelle, mais avec un nouveau scintillement de l’œil.

– Tu vas être sage, très-sage



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