La Brume des Jours by Anne Fakhouri

Auteur:Anne Fakhouri [Fakhouri, Anne]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Éditeur: L'Atalante
Publié: 2009-01-01T05:00:00+00:00

CHAPITRE TREIZE

LE CADEAU DE LA SIRÈNE

Ils se réveillèrent en même temps. Clara eut un peu de mal à se lever car sa jambe recommençait à tirailler, mais elle réussit à le cacher pour éviter les questions de grand-tante Coucou. Cette dernière leva un sourcil suspicieux en la découvrant couchée à côté de Marc mais ne dit rien. Gauvain, quant à lui, évitait soigneusement de la regarder.

Elle ramassa ses affaires. Grand-tante Coucou s’approcha d’elle et lui montra la dent qu’elle avait nettoyée et qui brillait dans l’obscurité de la grotte.

« Que dois-je faire de ça ?

— Gardons-la. Elle doit avoir des propriétés particulières. Elle en a eu, en tout cas, quand elle était plantée dans ma jambe. »

Pépite profita de la proximité pour sautiller jusqu’à l’épaule de Clara, sa place favorite.

Ils partirent un à un, Marc et Gauvain en tête. Monsieur Li s’attarda un peu près de la brèche entre les mondes. Clara perçut son envie d’aller l’explorer, sa curiosité nerveuse et sa résignation également lorsqu’il rebroussa chemin d’un pas rapide.

« Je ne sais pas ce que tu as vu là-bas, mais il faudra que tu me racontes.

— Oui, répondit Clara. Nous avons bien des choses à nous dire, monsieur Li. »

Il eut un sourire indéchiffrable et sortit à son tour.

Dès que Clara mit un pied sur la terre sèche de la plaine, elle fut envahie par l’angoisse. Quelque chose d’inquiétant émanait du sol trop lisse. Il semblait contenir une vague régulière diffuse, plus froide que la pierre de la grotte, menaçante. L’impression désagréable que la dent de Baba Yaga était toujours dans son mollet, que la chape de plomb réintégrait sa poitrine lui firent quitter la fin du cortège qu’elle formait avec monsieur Li pour trouver un peu de réconfort dans l’entourage muet de ses compagnons.

Pourtant, la menace ne se concrétisa de nul côté.

La plaine s’étalait sous un ciel d’avant l’orage, gris et calme.

« Un rien annonciateur de tempête », déclara Marc.

Tout comme l’attitude de Gauvain, pensa Clara. Le jeune homme marchait la tête baissée, le visage impassible, mais elle voyait les muscles de ses mains se contracter et parfois son pas devenir irrégulier, comme s’il le contraignait au point d’en avoir mal.

Au contraire, Marc ralentit le pas pour se mettre au niveau de Clara.

« Tu sembles avoir mal. As-tu besoin d’aide ? »

Elle ne sut quoi répondre. Oui, elle avait mal, mais elle ne voulait toujours pas subir les inquiétudes de sa grand-tante ni les retarder. Elle n’eut pas le loisir de s’interroger bien longtemps. Il y eut un cri de rage froide, un « ça suffit maintenant ! » lancé près de ses oreilles, et Marc disparut de sa vue.

Gauvain lui avait sauté au visage et le maintenait au sol sous la menace de son poing serré. Marc ramena ses bras sur les épaules du jeune homme pour tenter de le faire basculer mais, dans la précipitation, ne réussit qu’à lui heurter le visage. Rendu fou de colère par la douleur, Gauvain abattit son poing. Monsieur Li et grand-tante Coucou se précipitèrent.

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