La bibliothèque perdue de Cormanthyr by Odom Mel

Auteur:Odom,Mel [Odom,Mel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Heroic Fantasy
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 2002-10-23T22:00:00+00:00

CHAPITRE XV

— Qu’est-ce qui vous absorbe à ce point ?

Levant les yeux, Baylee vit que Cordyan Tsald l’observait. Il referma le livre à la couverture de cuir posé sur ses genoux, glissant un doigt dedans pour ne pas perdre sa page. Dans l’autre main, il tenait une plume.

— Mon journal.

— Depuis trois jours que nous avons quitté le festival, vous ne ratez pas une occasion d’écrire, dit la jeune femme, dont la tenue d’équitation était maculée par la poussière de la route. Dans mon travail, la curiosité est considérée comme une qualité, mais elle devient très désagréable quand on est obligé de la réprimer.

Malgré la mélancolie qui ne l’avait pas quitté depuis la bataille contre les drows, Baylee ne put s’empêcher de sourire.

— Je connais les désagréments de la curiosité.

— Je n’en doute pas.

Cordyan était à quelques pas du jeune homme, assis dans la fourche d’un arbre, à six pieds du sol. Autour d’eux, la forêt était calme. Des oiseaux au plumage colorés apparaissaient parfois au milieu du feuillage. Un peu plus loin, Civva Cthulad, Calebaan et le reste des miliciens achevaient leur humble repas : du pain de voyage, de la viande séchée fournie par les forestiers, plus des baies et des noix ramassées par Baylee.

— Tu ne devrais pas faire bande à part, lui reprocha Xuxa de son perchoir, au sommet de l’arbre.

Baylee leva le nez et vit qu’elle le fixait de ses yeux blancs sans pupilles.

— Et toi, tu devrais te mêler de ce qui te regarde, répliqua-t-il.

Depuis leur départ de la clairière, la chauve-souris n’avait pas raté une occasion de vanter la beauté de Cordyan, et de lancer des piques sur Jaeleen.

— Elle vous parle ? s’étonna la jeune femme.

— À longueur de temps, grommela Baylee. Elle est pire que la mère que je n’ai jamais eue…

— Je ne savais pas. Je suis désolée.

— Vous voulez dire qu’on ne vous a pas tout raconté sur moi ?

— Non. Mais j’ai vu votre portrait dans les appartements de Golsway.

Baylee sursauta.

— J’ignorais qu’il avait un portrait de moi.

Il ne se souvenait pas d’avoir posé pour un artiste.

— Signé par un certain « Vi »…

— Ce n’est pas un nom, mais une des annotations de Golsway, dit Baylee. Il a dû peindre ce tableau de mémoire.

— Vraiment ? C’est un très beau portrait. Très ressemblant. Il aurait pu gagner sa vie avec ses toiles, s’il l’avait voulu.

— Golsway avait de nombreux talents, dit Baylee, le cœur serré.

— Je suis étonnée que vous n’ayez pas vu ce tableau. Il figure en bonne place dans sa chambre.

— Je ne suis pas retourné… (Baylee faillit dire « à la maison », mais se reprit.)… Chez lui depuis un certain temps.

— La cuisinière nous a dit que vous vous étiez disputés ?

— Vous n’oubliez jamais votre boulot ?

— Jamais très longtemps…

— Il est vrai que nous avions des problèmes, soupira Baylee. Vous est-il arrivé de vous rebeller contre vos parents, lieutenant ?

— Quelquefois.

— Et maintenant, comment vous entendez-vous avec eux ?

— Ils sont morts.

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