La Belle et la Bête by Gabrielle-Suzanne De Villeneuve

La Belle et la Bête by Gabrielle-Suzanne De Villeneuve

Auteur:Gabrielle-Suzanne De Villeneuve [Villeneuve, Gabrielle-Suzanne De]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Gallimard
Publié: 2014-11-14T23:00:00+00:00


[...]

Le prince finit ainsi, et la Belle allait lui répondre, lorsqu’elle en fut empêchée par un bruit de voix éclatantes, et d’instruments guerriers, qui cependant n’annonçaient rien de sinistre. Ils mirent la tête à la fenêtre, et la fée et la reine qui revenaient de leur promenade en firent autant.

Ce bruit procédait de l’arrivée d’un homme, qui selon les apparences, devait être un roi. L’escorte qui l’environnait avait toutes les marques de la dignité royale, et lui-même en sa personne faisait voir un air de majesté qui ne démentait point la magnificence dont il était accompagné. Ce prince parfaitement bien fait, quoiqu’il ne fût plus dans sa première jeunesse, montrait qu’il avait eu peu d’égaux dans le printemps de son âge. Il était suivi de douze gardes, et de quelques courtisans en habits de chasse, qui paraissaient aussi étonnés que leur maître de se trouver dans un château qui leur était inconnu. On lui rendit les mêmes honneurs que s’il eût été dans ses propres états, et le tout par des invisibles, car ils entendaient des cris de joie et de fanfares, et ils ne voyaient personne.

La fée, en le voyant paraître, dit à la reine : « Voilà le roi votre frère, et le père de la Belle, il ne s’attend point au plaisir de vous trouver ici. Il en sera d’autant plus satisfait que, comme vous le savez, il croit sa fille morte depuis longtemps. Il la regrette encore aussi bien que sa femme, de qui il conserve un tendre souvenir. » Ce discours augmenta l’impatience que la jeune reine et la princesse avaient d’embrasser ce prince, elles arrivèrent promptement dans la cour, au moment que lui-même descendait de cheval. Il les aperçut sans les pouvoir connaître : mais ne doutant point qu’elles ne vinssent au-devant de lui, il ne savait quel compliment leur faire, ni de quels termes se servir, lorsque la Belle, se jetant à ses genoux, les embrassa en l’appelant son père.

Ce prince la releva, et la serrant tendrement entre ses bras, ne comprenait point pourquoi elle lui donnait ce nom. Il s’imagina qu’elle pouvait être une princesse orpheline et opprimée qui venait implorer sa protection, et qui ne se servait des termes les plus touchants que pour obtenir l’effet de sa demande. Il était prêt à l’assurer qu’il allait faire en sa faveur tout ce qui dépendrait de lui lorsqu’il reconnut la reine sa sœur, qui l’embrassant à son tour, lui présenta son fils. Elle lui fit connaître une partie des obligations qu’elle et lui avaient à la Belle, et ne lui cacha pas l’affreuse aventure qui venait de se terminer.

Le roi loua cette jeune princesse et voulait savoir son nom, quand la fée l’interrompant, lui demanda s’il était nécessaire de nommer ses parents, et s’il n’avait jamais connu personne à qui elle ressemblât assez pour les lui découvrir... « Si je m’en rapportais à ses traits, dit-il, en la regardant fixement et ne pouvant retenir quelques larmes, le nom qu’elle m’a donné m’est



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