Kéops le rêve de pierre by Guy Rachet

Auteur:Guy Rachet [Rachet, Guy]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman Historique, non lu
Publié: 2012-09-17T09:47:35+00:00

CHAPITRE XIX

Le fleuve était lentement rentré dans son lit. Les arpenteurs royaux, sous la direction d’Ankhaf, avaient prestement agi afin de déterminer le cours du futur canal, d’en marquer le tracé. Une armée de scribes, envoyés à travers les campagnes du delta et les parties septentrionales de la Haute-Égypte, avait recruté déjà des dizaines de milliers de bras, dont les premiers travaux consistaient à bâtir des cabanes pour loger tout ce monde à la lisière du désert, entre le coude du bras du Nil, à l’endroit où il bifurque pour aller alimenter le grand lac de l’oasis occidentale, et le domaine de Philitis. Le point de départ du canal une fois déterminé avec certitude, il fut temps de procéder aux rites d’ouverture de ce gigantesque chantier. La veille, Khéops s’était rendu auprès du lieu où serait donné le premier coup de houe dans la terre déjà desséchée, à peu de distance du coude du bras du fleuve, loin au sud de Memphis. Il avait dû s’y rendre en grande cérémonie, d’abord sur une barque magnifique, puis porté dans son palanquin, flanqué des flabellifères, suivi par les courtisans et les porteurs des enseignes des provinces, escorté par une nombreuse garde. Il avait retrouvé sur place Ankhaf et Khaesnéfrou, installés dans les environs dès la baisse des eaux afin de diriger les travaux d’arpentage.

Avant que ne se lève le soleil, le roi et sa suite s’étaient rendus au point où devait être donné le coup d’envoi des travaux. Les ouvriers avaient été distribués tout le long du tracé du canal, côte à côte, à perte de vue vers le nord, armés les uns de houes, les autres de pelles, d’autres, face à eux, de paniers en roseaux tressés. Lorsque Khéops se montra, tout le peuple présent, Amis du roi, prêtres, scribes, soldats, paysans, se jetèrent sur le ventre pour saluer son apparition. Sur un signe de la main royale, ils se redressèrent, puis Khéops alla prendre place sur un trône disposé sous un dais. Ankhaf et Khaesnéfrou vinrent alors lui faire savoir que, en si peu de temps, avec un zèle admirable, les scribes avaient déterminé le tracé du canal et que ce jour était celui qui allait marquer le début de la plus grande entreprise jamais encore conçue par les hommes.

Peu après, le soleil rosissait l’horizon blafard, puis se levait lentement dans toute sa splendeur tandis que se prosternaient les prêtres, tous recrutés dans le clergé d’Héliopolis. Ils entonnèrent un hymne à la gloire de Rê, qui fut suivi de prières à l’adresse d’Osiris et de Thot.

Khéops, la tête coiffée de la couronne blanche de la Haute-Égypte, une fausse barbe attachée au menton, un lourd pectoral orné des deux déesses du sud et du nord battant sur sa poitrine, se leva de son trône. Des serviteurs vinrent alors s’agenouiller devant lui ; ils lui ôtèrent ses sandales, qui furent confiées au porteur de sandales, et son pagne. Il ne conserva que la ceinture des paysans, nouée sous le nombril et dont les deux pans tombaient entre les jambes.

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