Jeune Angleterre by T. Combe

Jeune Angleterre by T. Combe

Auteur:T. Combe [Combe, T.]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Nouvelles/littérature neuchâteloise
Éditeur: Bibliothèque numérique romande
Publié: 2016-02-18T05:00:00+00:00


III.

Deux grands coups de gong, annonçant le dîner, remplirent toute la maison de leur retentissement. Claude se hâta de descendre, après avoir donné quelques soins à sa toilette. Parmi les fictions élégantes que miss Picknell entretenait avec amour, la plus chère à son cœur était celle du dîner. Pour rien au monde, elle n’eût consenti à lui donner le nom plébéien de souper, bien qu’il consistât généralement en un seul plat, poisson ou rôti, suivi d’un dessert de fromage, ou d’une tarte deux fois par semaine.

Au dernier coup de gong, miss Picknell sortit de sa chambre, vêtue d’une robe de soie noire, surmontée d’un bonnet architectural, et parée de ce bracelet que Claude Forest appelait le tombeau des rois chevelus. Elle descendait l’escalier sur ses roulettes, suivie d’Olive. Claude les rejoignit à mi-chemin et présenta ses respects à miss Picknell qui les accepta avec une certaine condescendance. Ils entrèrent au salon ; M. Gibson et M. Ferrol s’y trouvaient déjà. Comme ce dernier occupait deux chambres au second étage, il avait le pas sur ces messieurs du troisième, qui devaient se résigner à le voir tous les soirs offrir son bras à Olive Beaumaris pour la conduire à table. Suivant l’usage anglais qu’elle estimait préférable à toutes les coutumes exotiques, miss Picknell entrait la dernière dans sa chambre à manger. Pour éviter de faire naître une rivalité mortelle entre ces messieurs du troisième, miss Picknell prenait indifféremment le bras de l’un ou de l’autre. Claude, quand il était appelé à cet honneur, s’efforçait de l’apprécier, mais n’en suivait pas moins d’un œil d’envie le couple qui le précédait.

Il faut reconnaître pourtant que M. Ferrol n’abusait pas de ses avantages : il n’adressait la parole à Olive que pour lui offrir la moutarde ; quand par hasard il la regardait, c’était d’un air de méditation abstraite, comme s’il étudiait le développement de sa jolie tête au point de vue phrénologique.

— Monsieur Gibson, dit miss Tabitha en taillant de généreuses tranches dans le gigot de mouton, j’espère que vous ferez preuve de bon appétit ce soir. Je vous avoue que vous m’avez inquiétée hier.

— Je ne vois pas trop comment on manquerait d’appétit quand on doit grimper cinq étages pour aller se laver les mains après sa journée faite, répliqua M. Gibson d’un ton bourru.

— Trois étages, monsieur Gibson, trois étages !

— Je dirai quatre pour vous faire plaisir, mais c’est une concession. Voyons, miss Beaumaris, sans partialité, si on peut l’attendre d’une dame, dites-moi ce que vous pensez de ceci : depuis trois ans je loge au cinquième, avec le piano de ce jeune homme et tous les chats du voisinage comme orchestre. Depuis trois ans miss Picknell me promet une chambre plus accessible…



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