Je reviens de... [V2] by Kemmel

Je reviens de... [V2] by Kemmel

Auteur:Kemmel [Kemmel]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: FNA 0084
Publié: 1957-01-21T23:00:00+00:00


CHAPITRE IX

Après un palabre assez animé, les Martiens semblèrent arriver à un accord. Deux autres poulpes furent appelés en renfort. Puis on ouvrit la porte de ma cage.

Personne ne faisant mine d’entrer, j’en conclus qu’on désirait que je sortisse. Je fis un pas. Les deux savants re-sourirent. Je re-souris, par politesse, et je fis un autre pas qui me porta hors de la cage. À l’instant même je me trouvai immobilisé : un tentacule à chaque cheville, à chaque bras ; plus un autour du ventre et un au cou. Malgré l’habitude que j’avais maintenant de la fréquentation de ces poulpes, j’eus à réprimer un fort sursaut de terreur. Mais c’était le moment où jamais de garder mon sang-froid.

Très adroitement, une sorte de harnais fut passé autour de ma taille ; d’une ceinture partaient de légères courroies élastiques qui furent attachées à mes poignets. Une autre relia mes chevilles. Ces liens très souples me laissaient la liberté de faire à peu près tous les gestes, mais empêchaient d’envoyer un coup de poing ou un coup de pied. Sur le moment le traitement me parut incivil et je crains de n’avoir pas répondu comme il convenait aux sourires des géants à grosse tête. Mais, après tout, je venais de tuer mes deux camarades de cage. La direction du Muséum jugeait bon de prendre quelques précautions avant de m’en sortir.

Au bout de la ménagerie nous trouvâmes un ascenseur, qui s’envola pendant je ne sais combien d’étages. Puis un long couloir à tapis vert d’eau, moelleux, où nous avançâmes en procession. À part que le plafond était beaucoup plus haut – certainement à cause de la taille des Martiens – il ressemblait à n’importe quel couloir d’hôtel de luxe de chez nous. C’est sans doute ce détail qui me fit trouver si étrange de voir s’y balader les poulpes… Dans un décor moins familier, par exemple la soute de la soucoupe, leur présence paraissait beaucoup moins choquante !

On me poussa dans une sorte de salle d’école, où la première chose qui me sauta aux yeux fut un planisphère terrestre, assez sommaire, mais donnant le contour des continents et des principales îles. J’y allai tout droit. Je balayai toute la carte de la main droite et déclarai d’une voix nette :

— Terre !

L’un des deux Martiens dit aussitôt :

— Manira.

Je supposai que c’était une approbation, une expression de satisfaction. Laissant ma main aux doigts écartés sur la carte, je piquai l’index gauche sur ma poitrine :

— Homme !

— Manirahi, fit le Martien en écho.

Puis, le gauche toujours sur ma poitrine, je pointai le droit sur l’endroit où devait être Paris.

— France.

— France, répéta le Martien, presque sans accent.

Là-dessus je m’arrêtai. Mais il mit à son tour un doigt sur la carte et me regarda d’un air interrogateur.

— États-Unis, dis-je.

Il répéta correctement. Comprenant qu’ils désiraient un cours de géographie, j’indiquai les continents, puis les pays. Dès que je les nommais, il les marquait sur la carte d’un petit signe, chaque fois différent, avec une sorte de crayon et il ajoutait une syllabe variable au nom qu’il répétait.



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