Instinct de survie: Tromper le destin sur les plus hauts sommets du monde by Gabriel Filippi & Brett Popplewell

Instinct de survie: Tromper le destin sur les plus hauts sommets du monde by Gabriel Filippi & Brett Popplewell

Auteur:Gabriel Filippi & Brett Popplewell [Filippi, Gabriel & Popplewell, Brett]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Témoignages
ISBN: 9782897582111
Publié: 2016-10-19T04:00:00+00:00


Chapitre 13

Le transport de Sean

L’enveloppe de papier manille n’avait ni marque, ni étiquette, ni explication, ni mise en garde, et ne pesait rien. C’est un sherpa que je n’avais jamais vu de ma vie qui me l’a remise au camp de base après l’avoir reçue des mains d’un autre sherpa quelque part dans les environs de Dingboche, lui-même l’ayant obtenue d’un troisième sherpa des alentours de Lukla. En fait, on avait transporté cette enveloppe depuis les rives du fleuve Bagmati à Katmandou avec la consigne explicite, bien que verbale, de la remettre à un Canadien-Français prénommé Gabriel, qui logeait dans une tente North Face installée directement au pied du glacier du Khumbu, sous les drapeaux de prières. J’ai ouvert l’enveloppe avec précaution.

La mort de Sean était survenue quelques jours auparavant à Dughla. Le seul témoin de son décès – un jeune sherpa connu sous le nom de Lakpa Tsheri Sherpa, nommé l’aventurier de l’année par National Geographic en 2012 – avait fait l’impossible pour le ranimer lorsqu’il s’était effondré. Il n’avait pas réussi.

L’hélicoptère qui avait servi à faire évacuer Sean avait également transporté sa dépouille vers une morgue de Katmandou, où elle avait été conservée jusqu’à l’arrivée du fils et de la fille de mon ami. Depuis Ottawa, son fils, Seamas, était passé par Londres, tandis que sa fille avait pris un vol à Montréal en compagnie d’Annie, qui avait voulu être à leurs côtés pendant le voyage et rester auprès de moi au camp de base pendant que je tenterais de me faire à l’idée que Sean était mort.

Annie était avec les enfants de Sean lorsque son corps avait été transporté sur les rives de la Bagmati, une rivière sacrée pour les bouddhistes et les hindous. La dépouille avait été installée sur le bord de la rivière sur du bois d’allumage et des paquets de kérosène. Seamas, qui m’avait demandé de prendre soin de son père, avait apporté la torche à la dépouille. Lui et sa sœur avaient ensuite décidé de mettre un tiers des cendres de Sean dans une enveloppe, de la confier à un sherpa et de demander qu’elle me soit remise pour que je puisse réaliser le rêve de leur père: parvenir au sommet de l’Everest.

Je tenais dans mes mains les cendres de mon ami.

Annie était au camp de base avec moi lorsque le sherpa m’a remis l’enveloppe. C’était sa première visite au camp. Elle n’aimait pas vraiment l’endroit, mais elle jugeait qu’il était important d’être à mes côtés. Tous deux assis dans la tente, nous avons parlé de Sean, de ses enfants, de notre avenir et de ce qui se trouvait derrière eux et nous. Pendant un moment, l’idée de sortir de la tente pour utiliser le téléphone satellite m’a effrayé. Dans ma ville natale, ma mère et tous les gens que je connaissais avaient sûrement lu dans les journaux que Sean était le troisième Canadien à mourir sur l’Everest, après Blair Griffiths, le caméraman de la CBC qui, 23 ans auparavant, avait été écrasé



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