Higgins 29 - Sauvez la reine ! by Christian Jacq

Higgins 29 - Sauvez la reine ! by Christian Jacq

Auteur:Christian Jacq [Jacq, Christian]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: XO Éditions
Publié: 2018-06-07T00:00:00+00:00


*

La matinée s’était déroulée sans anicroche. Et puis, vers 11 h, le dérapage.

La veille, BP avait publié la liste des entreprises, au nombre de 852, qui bénéficiaient désormais du label Royal Warrant, leur permettant d’être des fournisseurs officiels de la Couronne. Du prestige, certes, mais aussi des impératifs, et parfois l’obligation de vendre à perte pour se plier aux exigences du Palais. Chaque année, la liste était attendue avec impatience. Les nouveaux élus se réjouissaient, les exclus se morfondaient.

Et l’un de ces derniers, fournisseur de produits alimentaires, ne supportant pas sa déchéance, se présenta au contrôle en état d’ébriété et hurla : « Je veux voir la reine ! » Résistant à l’intervention des gardes, il brandit un pistolet.

— La reine, ou je tire !

Sa tournée d’inspection passant justement par l’entrée des fournisseurs, Marlow entendit des cris et vit plusieurs personnes se jeter à terre.

N’écoutant que son courage et n’ayant jamais redouté l’affrontement physique, le superintendant sortit son arme de service.

— Ça suffit, mon gaillard ! Tu te calmes et tu expliques ce qui t’arrive.

Le commerçant, un sexagénaire enveloppé, piqua un coup de sang.

— La reine me tue, je tue la reine !

— Cesse de dérailler, et pose ton pistolet.

La détermination de Marlow ébranla le fauteur de troubles. Éclatant en sanglots, il obéit et s’assit en plaquant les mains sur sa tête.

— Foutu, je suis foutu… On veut ma peau, à Buckingham !

Avec une promptitude que ne laissait pas supposer son embonpoint, le superintendant ramassa l’arme.

Un jouet en plastique.

Deux gardes empoignèrent le dépressif.

— Incident clos, jugea le chef du Royal Protection Group. Félicitations, Marlow ; je ne manquerai pas de signaler votre self-control à Sa Majesté.

Ce compliment ne détendit pas le superintendant. Et si ce drame était un signe précurseur ? Un seul fournisseur à perpétuité et insoupçonnable : la Royal Brewery of Park Street, brassant la bière « Courage ». Privilège accordé par Guillaume IV à William Booth, shérif de Londres au XIXe siècle et propriétaire de la brasserie, qui avait rendu divers services à la Couronne. En revanche, fallait-il se méfier des fournisseurs de thé, de fromage, de truffes au chocolat, de whiskies, de parfums, de stylos ou de coffres-forts ?

Pris de vertige, Marlow eut la sensation que le danger pouvait provenir de partout, et qu’il serait impossible de prévoir l’agression fatale. Difficile d’imposer à la reine un goûteur, comme au temps des empereurs romains !

« À l’impossible, nul n’est tenu » : le superintendant détestait pourtant cette devise, qui n’était pas celle de Scotland Yard. Son fondateur, sir Robert Peel, avait en effet fixé une ligne de conduite intangible : protéger la vie et la propriété, préserver la tranquillité publique et lutter contre le crime. Élisabeth II, comme ses sujets, devait bénéficier des compétences des forces de l’ordre.

L’incident fut étouffé, et nul n’alerta les médias. Une sorte de miracle, dont Scott Marlow profita, lors du briefing quotidien, pour réclamer un maximum de vigilance. L’anniversaire officiel de la reine, Trooping the Colour, la garden-party… Superbes occasions offertes aux terroristes d’accomplir un terrifiant coup d’éclat.



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