HERITAGE LUCI EPUB by N/A

Auteur:N/A
La langue: fra
Format: epub
Tags: A définir par l'éditorial
ISBN: 9782298051636
Éditeur: France Loisirs
Publié: 2012-11-12T16:00:00+00:00

8

Aussitôt levés de table, mon père et Tonton Émile s’étaient précipités sur la cabine téléphonique tels des indigents affamés sur un sac de riz. Ils étaient revenus vingt minutes plus tard en arborant un sourire triomphant : M. Murou avait tout de suite accepté de prêter le matériel nécessaire.

Il avait même poussé l’amabilité jusqu’à nous le livrer avec sa fourgonnette dans la soirée. Quand mon père avait évoqué le prix de la location, le brave homme avait farouchement refusé d’être payé.

« On ne se fait pas payer pour une gentillesse, avait-il clamé au téléphone, ou alors ce n’est plus une gentillesse ! »

Mais mon père, refusant absolument d’être « assisté » et soucieux de ne pas blesser l’amour-propre de M. Murou, avait proposé à ses frères de lui offrir en compensation quelques bonnes bouteilles de vin qu’ils iraient acheter à Madiran – fief du vin éponyme – et du Pacherenc qui, dixit mon père (fin connaisseur en œnologie), accompagnait admirablement desserts et foie gras.

Proposition chaudement approuvée. Du coup, les hommes – excepté Tonton Gus qui avait préféré rester au domaine pour « entamer la réflexion nécessaire à la résolution de l’énigme » – étaient partis en début d’après-midi. Avant de monter dans la voiture de mon père, Tonton Émile avait déclaré :

« Vaut mieux que ce soit nous, les hommes, qui allions acheter le pinard, car les bonnes femmes, elles y connaissent rien ! »

Bonne excuse pour goûter en paix la production viticole régionale.

En conséquence, tout le monde avait quartier libre pour la journée. Tatie Cynthia, elle, n’avait évidemment pas attendu l’autorisation de ces messieurs pour se préparer à aller au lac de Cadillon : lac dont on nous avait parlé à Pau.

Et à peine les hommes avaient-ils quitté la propriété qu’elle sortait de sa caravane avec parasol, sac de plage, lunettes de soleil et short au ras des fesses qui provoqua un certain trouble chez ma mère et Tatie Nathalie ainsi que chez moi, mais pour des raisons différentes. Tatie Agnès et Caroline décidèrent aussitôt de l’accompagner. Si j’avais eu quelque envie d’aller avec elles malgré l’appréhension des brûlures du soleil et le fait de devoir dévoiler mon anatomie, l’idée d’avoir à supporter la Peste sur la plage pendant tout un après-midi chassa en moi tout regret.

Je m’attendais à ce que Valérie saute de joie à l’idée de se baigner, mais quand on lui proposa de l’emmener elle haussa les épaules en disant :

« Désolée, pas aujourd’hui : Joseph et moi, on a mieux à faire ! »

Et elle se dirigea vers l’arrière de la caravane ; intrigué, je la suivis et vis qu’elle détachait les sangles de deux vélos épinglés tels de gros insectes métalliques sur la carrosserie.

« J’ai pensé qu’il serait plus sympa de se balader à vélo, expliqua-t-elle. Et puis, après ces heures de discussions, je préfère me dégourdir les jambes plutôt que de rester allongée à rôtir en plein soleil. Doit y avoir des balades cool à faire dans les environs ; en venant, j’ai

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