Guerres du monde émergé. Livre III by Troisi Licia

Auteur:Troisi Licia
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782266220835
Éditeur: Pocket Jeunesse

Doubhée reprit son enquête dès le lendemain soir. Agir était le seul remède qu’elle connaissait contre la souffrance, qu’elle soit physique ou émotionnelle.

Elle se prépara lentement, savourant chaque geste qui saluait le retour de la vraie Doubhée. Il était temps d’en finir avec ces jeux puérils ; la réalité était différente, infiniment plus triste et dure. Elle enfila ses vêtements comme un prêtre s’apprêtant à célébrer une cérémonie, ramassa ses cheveux sur la tête.

« Dommage que je n’aie pas mes armes », songea-t-elle. Mais son poignard était plus que suffisant, et le seul contact du métal sur sa peau la rassurait. Elle ouvrit la porte et s’enfonça dans le silence somnolent du palais, en direction de l’étage des Nobles. Cette nuit-là, c’est par là qu’elle commencerait ses investigations.

Quelques jours plus tôt, un fait singulier s’était produit. Elle venait de pénétrer sans trop de précautions dans l’une des pièces de cet étage quand un Assassin avait ouvert la porte. Cachée dans l’ombre, elle l’avait espionné, jusqu’à ce qu’un soldat entre à son tour pour contrôler que tout était en ordre. L’Assassin avait prétendu être là en reconnaissance. Doubhée avait tout de suite pensé que c’était un prétexte, parce que c’était un travail de soldat et non de tueur à gages, mais c’était seulement lorsque Theana lui avait fait remarquer le mystère des livres manquants qu’elle s’était souvenue de cet événement incongru. Ce soir-là, l’Assassin voulait peut-être vérifier qu’une chose cachée par la Guilde et Dohor était toujours à sa place… La seule solution était d’aller voir.

Elle décida de passer par le jardin où les cachettes abondaient, et elle regarda vers le lieu secret qui avait abrité pendant un mois ses rencontres nocturnes avec Learco. Il n’y était pas. Le cœur serré, elle songea que c’était mieux ainsi.

Elle entra à l’étage par une porte secondaire, en se faufilant furtivement derrière un garde ivre. La chambre qui l’intéressait était au fond, et elle n’était pas surveillée.

Elle se glissa d’ombre en ombre, écoutant le pas régulier d’un garde qui marchait dans le couloir. Lorsqu’elle l’entendit s’éloigner, elle appuya sur la poignée et se retrouva à l’intérieur.

La pièce était vide, mais pour une raison inconnue, la Bête à l’intérieur d’elle se mit aussitôt à hurler. Sans s’en soucier, elle avança vers l’endroit où elle avait vu l’Assassin. Appuyé contre le mur se trouvait un secrétaire dont la partie supérieure était constituée d’une série de petits tiroirs. Ils étaient tous fermés à clé, mais le vrai problème était de deviner lequel était le bon. Doubhée en effleura la surface lisse, jusqu’à ce qu’elle sente un léger renflement. Dans l’obscurité, il lui fallut un peu de temps pour identifier le motif : un griffon tenant un pentacle dans sa gueule. Elle étudia attentivement la minuscule serrure. Avec ses outils de voleuse, la forcer aurait été un jeu d’enfant. Elle tira de sa ceinture une fine pointe de métal qu’elle avait forgée à partir de la dent d’une fourchette et se mit au travail.

Un léger déclic l’informa qu’elle avait réussi.

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