Goodbye, Columbus by Roth Philip

Goodbye, Columbus by Roth Philip

Auteur:Roth, Philip [Roth, Philip]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Gallimard
Publié: 1962-04-07T23:00:00+00:00


Si l’on devait comparer la lumière du jour à la vie de l’homme : le lever du soleil à la naissance, le coucher (tomber par-dessus bord) à la mort, eh bien, tandis qu’Ozzie Freedman se hissait par la trappe du toit de la synagogue, donnant des coups de pied dans le style apache aux bras tendus du Rabbin Binder – le jour avait à ce moment-là cinquante ans. En règle générale, la cinquantaine correspond exactement à l’âge des fins d’après-midi de novembre, car en ce mois et à ces heures, notre sens de la lumière ne semble plus relever de la vue mais de l’ouïe : la lumière s’éloigne dans un cliquetis. En fait, au moment où Ozzie refermait la trappe au nez du rabbin, le déclic du verrou aurait pu passer pour le gris plus sombre qui venait juste de s’abattre dans le ciel.

Ozzie s’agenouilla de tout son poids sur la porte verrouillée ; il était persuadé que, d’un moment à l’autre, le Rabbin Binder allait faire voler la porte d’un coup d’épaule, réduisant le bois en miettes et catapultant son corps dans le ciel. Mais la porte ne bougea point et, au-dessous de lui, il n’entendit qu’un grondement de pas, d’abord fort puis faible, tel un tonnerre allant en décroissant.

Une question lui traversa l’esprit : « Cela peut-il être moi ? »

Pour un garçon de treize ans qui venait de traiter par deux fois son guide spirituel de salaud, ce n’était pas une question incongrue. De plus en plus fort, la question monta en lui : « Est-ce moi ? Est-ce moi ? » – jusqu’à ce qu’il se retrouvât, non plus agenouillé, mais courant follement vers le bord du toit, les yeux en larmes, la gorge hurlante et les bras s’agitant dans tous les sens comme s’ils ne lui appartenaient plus.

— Est-ce moi ? Est-ce moi MOI MOI MOI MOI ! Ça doit être moi… mais est-ce moi ?

C’est probablement la question que se pose un voleur la nuit où il force sa première fenêtre, et on dit que c’est ainsi que s’interroge le marié devant l’autel.

Au cours des quelques folles secondes que mit le corps d’Ozzie à se propulser au bord du toit, les facultés introspectives du garçon commencèrent à se brouiller. En abaissant son regard sur la rue, il ne sut plus très bien quel était le problème sous-jacent à la question : était-ce, est-ce-moi-qui-ai-traité-Binder-de-salaud ? ou, est-ce-moi-qui-suis-là-à-bondir-sur-ce-toit ? Quoi qu’il en soit, la scène d’en bas résolut tout, car il y a un moment dans tout acte où le problème de savoir s’il s’agit de soi ou de quelqu’un d’autre reste strictement académique. Le voleur fourre l’argent dans ses poches et file par la fenêtre. Le marié signe le registre de l’hôtel pour deux. Et le garçon sur le toit trouve une rue pleine de gens le regardant la bouche ouverte, la tête penchée en arrière, visage levé, comme s’il était le plafond du Planétarium. Soudain, vous savez que c’est vous.

« Oscar ! Oscar



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