Gilles Deleuze, Félix Guattari et Gilles Châtelet: De l'expérience diagrammatique (Ouverture Philosophique) (French Edition) by Joachim Daniel Dupuis

Gilles Deleuze, Félix Guattari et Gilles Châtelet: De l'expérience diagrammatique (Ouverture Philosophique) (French Edition) by Joachim Daniel Dupuis

Auteur:Joachim Daniel Dupuis [Dupuis, Joachim Daniel]
La langue: fra
Format: azw3
Éditeur: Editions L'Harmattan
Publié: 2012-09-30T16:00:00+00:00


*

Au moment où Châtelet commence l’écriture des Enjeux du mobile (qui sera publié en 1993), il envoie les épreuves à Deleuze. Il est clair que la conception de Châtelet à cette époque doit refléter assez ce que nous en avons dit précédemment pour que la sanction du maître ne se fasse pas attendre. Deleuze et Guattari sont en train d’écrire Qu’est-ce que la philosophie ? (livre publié en 1991) et se retrouvent une dernière fois ensemble pour faire le bilan de leurs vies philosophiques : c’est dans ce livre qu’ils s’expliquent et se distinguent de Châtelet.

La divergence avec Châtelet se fait sur deux points : la conception du virtuel et le plan diagrammatique. Voyons ces différents points.

Première occurrence. C’est dans la seconde partie de Qu’est-ce que la philosophie ? que Deleuze et Guattari évoquent pour la première fois publiquement le travail de Châtelet. Cette partie aborde les plans de la pensée que sont la science, la logique, l’art. C’est tout naturellement dans la première sous-partie consacrée à la science que Châtelet est cité. Deleuze et Guattari établissent la différence majeure entre philosophie et science : elle tient précisément « dans l’attitude respective de l’une et de l’autre par rapport au chaos ». Le chaos est assimilé au virtuel de la science par « la vitesse infinie avec laquelle se dissipe toute forme qui s’y ébauche », mais il s’en distingue quand il prend consistance144. Le virtuel de la science contient « toutes les particules possibles qui surgissent pour disparaître aussitôt, sans consistance ni référence, sans conséquence »145. Deleuze et Guattari pensent certainement à l’expérience de la cristallisation d’un liquide surfondu, pris à une température inférieure à sa température de cristallisation, qu’ils empruntent à Ilya Prigogine et Isabelle Stengers.

C’est que pour eux le virtuel semble prendre une consistance seulement avec la philosophie. Si le plan d’immanence de la pensée vient « recouper le chaos », la pensée semble consister en particules allant aussi vite que l’infini, la science, elle, « renonce à l’infini » pour « gagner une référence capable d’actualiser le virtuel »146. C’est donc que la science pose « une limite » dans le chaos. Les premiers fonctifs que nos auteurs examinent sont la « limite » et la « variable » qui dessinent les bordures qui donnent des références au « plan » de la science. Mais très vite, ils en appellent d’autres : « nous nous trouvons devant une nouvelle suite de fonctifs, systèmes de coordonnées, potentiels, états de choses, choses, corps ».

L’analyse de cette distinction entre plan de consistance et plan de référence se fait à partir des analyses de Châtelet (voir notamment dans Les Enjeux du mobile - au chapitre 2 - les passages sur Nicolas Oresme et l’association « spectre continu et séquence discrète ») mais pas seulement : sont invoqués la théorie des Ensembles et le Calcul différentiel vu par Hegel. L’idée qui ressort de tout cela, c’est que du point de vue de Deleuze et Guattari, la science considère l’actualisation d’un état de choses en passant par « un potentiel qui se distribue dans le système de coordonnées ».



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.