Germes de vie by Taine Jhon

Auteur:Taine,Jhon [Taine,Jhon]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique
ISBN: 2730402705
Éditeur: NéO
Publié: 1931-01-01T00:00:00+00:00

VIII

PRIS AU PIÈGE

Un peu avant minuit, tandis que De Soto était occupé à se soigner dans sa chambre d’hôtel, Crâne descendit chez le docteur Brown pour mettre au point avec celui-ci les derniers préparatifs du raid qu’ils s’étaient proposé de faire sur le laboratoire interdit. Brown savait qu’il mettait en jeu sa réputation et peut-être sa vie en partageant avec Crâne les risques de cette entreprise déraisonnable. Néanmoins il était décidé à jouer le tout pour le tout, aussi bien par curiosité scientifique que par amitié. Crâne trouva le médecin penché sur son microscope. « Il y a du nouveau ? demanda-t-il.

— Pas exactement. Ce sont les mêmes protozoaires que ceux que tu m’avais fournis. C’est vraiment très remarquable. Le vieux Wilkes donnerait cher pour pouvoir y jeter un coup d’œil ! Il ne faut pas les exposer trop longtemps à la lumière, sinon ils disparaîtront comme l’autre fois. »

Pour répondre au feu roulant des questions de Crâne, le médecin lui expliqua l’origine de cette dernière fournée de protozoaires. Crâne accueillit l’annonce du mariage de De Soto et d’Alice par un silence glacial. Qu’aurait-il pu en dire ? Le temps des paroles était passé.

« De Soto a dû faire une fausse manœuvre, risqua finalement Crâne. Alors qu’il avait fallu trente heures pour que cette affection apparaisse sur mon épiderme, elle s’est développée sur le sien en une demi-journée. La chose a dû se passer ce matin après mon départ. Mon seul espoir est qu’il ne sache pas lui-même ce qu’il fait. Alors, on y va ?

— Si tu y tiens. On peut toujours essayer… »

Le docteur glissa dans sa poche une lampe électrique et une petite trousse médicale.

« Je vais aller donner un somnifère à Bertha, ajouta-t-il. Je te rejoins devant la porte. »

Quarante minutes plus tard les deux complices s’arrêtaient devant la porte du laboratoire. Brown portait un grand sac en papier dans lequel la poule brune, silencieuse et détendue, dormait d’un profond sommeil.

Avant de tourner les boutons électriques, Crâne marcha à tâtons d’une fenêtre à l’autre, pour s’assurer que les rideaux de fer avaient bien été baissés comme toutes les nuits.

« Ça va, annonça-t-il enfin en rejoignant Brown près de la porte et en allumant la lumière. Maintenant il s’agit de découvrir ce que notre ami De Soto manigance. »

Ils attendaient beaucoup de l’expérience qu’ils projetaient. Ils commencèrent par enfiler chacun deux épaisseurs de survêtements protecteurs. Bertha, encore profondément endormie, fut laissée dans son sac près d’une fenêtre par où Brown comptait s’enfuir en cas de surprise. Même si l’ampoule n’émettait pas de radiations plus pénétrantes que des rayons X durs, l’innocent volatile en recevrait une dose largement suffisante là où elle se trouvait. Pourtant Crane, en examinant le mécanisme si ingénieux du chef-d’œuvre inventé par De Soto, eut la désagréable sensation que l’ampoule pouvait émettre des radiations infiniment plus dangereuses que les rayons les plus pénétrants connus jusqu’à présent. Néanmoins, confiants dans l’efficacité de leurs vêtements protecteurs, ils se mirent en devoir de connecter la petite ampoule avec la boîte noire.

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