Freres de la Terre by Cherryh Carolyn Janice

Auteur:Cherryh, Carolyn Janice
La langue: fra
Format: epub
Tags: GALAXIE-BIS 121
Éditeur: OPTA
Publié: 1976-09-19T16:00:00+00:00

Un des deux nemets mourut avant la tombée de la nuit. L’exécution eut lieu au milieu du camp et Kurt se trouva forcé d’y assister jusqu’à la fin, car les yeux étrécis du capitaine se fixaient plus souvent sur lui que sur le nemet, à l’affût de sa moindre réaction. Kurt regardait le plus possible dans le vague, les bras croisés, pour dissimuler ses tremblements.

Le nemet était courageux et son dernier geste raisonné fut un coup d’œil adressé à Kta, où ne se trahissait pas du désespoir, mais qui demandait approbation. Kta était debout, les mains liées. Le maître d’Elas fixa des yeux le condamné, comme s’il lui eût donné un ordre à bord de son propre navire, et le nemet mourut avec tout ce que lui permirent de dignité les Tamurlins. Ce fut une boucherie et les Tamurlins poussèrent des clameurs de plaisir jusqu’au moment où la victime ne réagit plus à aucune forme de torture. Alors ils l’achevèrent à la hache. Quand la lame s’abattit, Kta manqua de peu perdre sa maîtrise de soi. Il pleurait, le visage toujours impassible, tandis que les Tamurlins se le montraient du doigt en riant.

Ensuite, le capitaine fit conduire Kurt dans son propre abri. Il se mit à le questionner, le menaçant sans toutefois être tout à fait sûr de pouvoir mettre ses menaces à exécution, l’accusant continuellement de mensonge. Le capitaine était rusé. Par moments, une lueur d’astuce passait dans ses yeux ombragés par les sourcils, et il se refusait à se laisser entraîner sur une tangente quelconque. Il ramenait sans cesse l’interrogatoire aux points essentiels, citant les Articles – maintenant versifiés – et les Écritures des Fondateurs en contradiction avec les dires de Kurt.

Il s’appelait Renols, ou quelque chose qui ressemblait à ce nom assez répandu chez les Haniens, et il était le seul homme instruit du camp. Son pouvoir reposait sur son savoir. Dès que Renols cesserait de croire ou de craindre, il disposerait de la vie de Kurt grâce à des mensonges de son invention. Le capitaine, en bon pragmatiste, en était fort capable ; Kurt en avait la certitude.

La cabane sentait le feu, la sueur, et les étranges feuilles acides que mastiquaient les Tamurlins. Une de ses femmes, étendue dans un coin, préparait les feuilles une à une. Ses yeux brillaient d’un éclat fiévreux. Parfois le capitaine tendait la main pour saisir une des minces feuilles grises et la mâchait sans enthousiasme. Cela parfumait son haleine. Des gouttes de transpiration commençaient à apparaître à ses tempes. Il était plus calme.

Il présenta le bol de feuilles à Kurt, en insistant. Kurt finit par en prendre une, qu’il logea habilement dans sa joue, sans y avoir porté la dent. Cela lui brûla néanmoins la bouche et répandit en lui un engourdissement qui ne tarda pas à l’inquiéter.

S’il se laissait aller à l’ivresse que cela procurait, il risquait de dire ce qu’il ne voulait pas ; il se pouvait que sa résistance à la drogue fût très inférieure à celle de Renols.

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