[Fortune de france 01] fortune de france by Robert Merle

[Fortune de france 01] fortune de france by Robert Merle

Auteur:Robert Merle [Merle, Robert]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
ISBN: 9782253135357
Publié: 1977-01-18T23:00:00+00:00


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Ce n’est pas Montluc, mais le sieur de Saint-Geniès, gouverneur pour le Roi en Périgord, qui rétablit l’Église catholique à Montignac. Ses troupes, armées de canons, vinrent assiéger, le 14 août, Arnaud de Bord. Il se rendit trois jours plus tard avec ses partisans, et le 11 septembre, après un procès rondement mené, seize d’entre eux furent pendus sur la place de Montignac, et parmi ces seize figurait le pauvre Batifol, dont Coulondre Bras-de-fer avait si lugubrement prévu la fin deux semaines plus tôt. Quant à Arnaud de Bord, il ne fut supplicié que le 18 octobre, sans qu’on pût jamais savoir les raisons de ce cruel délai.

Pincettes, rassuré sur son avenir, nous avait quittés depuis deux semaines déjà, quand un certain Monsieur de L. (c’est ainsi qu’il est désigné dans le Livre de raison de la frérèche) apparut sous les murs de Mespech à la nuit tombante avec une petite escorte, et bien que les consignes de sécurité fussent alors très strictes à Mespech, les deux Jean, qui paraissaient l’attendre, l’admirent sans difficulté, lui et sa petite troupe. Celle-ci cependant – que l’on nourrit et abreuva – ne reçut pas permission de se mêler à nos gens, mais fut cantonnée dans la grange où Alazaïs, seule, fut dépêchée pour les servir.

Quant à Monsieur de L., il prit son repas, non dans la salle commune, mais en la librairie avec la frérèche, servi par François, Samson et moi, fort excités du mystère qui entourait le personnage, et au comble de la fierté, quand mon père nous invita à rester en sa compagnie après le repas. François avait alors quinze ans, Samson et moi, nous allions sur nos douze ans déjà, et mon père estimait sans doute que si nous étions assez grands droles pour participer à la défense de Mespech (car nous étions chaque jour exercés à l’épée, à l’arquebuse et à la pique par nos soldats), nous pouvions être admis, bien qu’encore muets comme carpes, au conseil où se décidaient les destinées de la baronnie.

Monsieur de L., que je regardais avec beaucoup de curiosité, me surprit assez. Il avait une fraise plus large, un pourpoint plus riche, et un visage moins austère que les huguenots que nous recevions d’ordinaire à Mespech. En outre, il ne parlait pas d’oc comme nous, mais s’exprimait en français, langue dont, certes, j’avais l’entendement, mais dont il usait avec un accent que je n’avais jamais ouï, et que je sus plus tard être celui de Paris. Son visage, sans moustache ou barbe d’aucune sorte, était comme un galet poli de s’être frotté à tant d’autres galets à la Cour, son geste était rond, son attitude gracieuse, et bien que son parler pointu me choquât au premier abord, je reconnus vite que Monsieur de L. était parfaitement courtois, multipliant les salutations et les compliments, et employant dix mots quand un seul eût suffi. Il portait le cheveu long, bien propre et bien bouclé, malgré les incommodités de son voyage à cheval ; ses gants, que



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