9782330098278 by Auster Paul

9782330098278 by Auster Paul

Auteur:Auster, Paul
La langue: eng
Format: epub
Éditeur: Actes Sud
Publié: 2017-12-11T15:11:28+00:00


Il fallait qu’il surmonte cela ou qu’il en meure, et comme Ferguson ne se sentait pas prêt à mourir à quinze ans et demi, il fit tout son possible pour s’en sortir, se lançant avec une ferveur brouillonne dans un maelstrom de projets contradictoires. À l’époque où la crise des missiles cubains commença pour se terminer deux semaines plus tard sans qu’on ait largué de bombes ni déclaré la guerre, ne laissant prévoir aucun conflit autre que l’omniprésente guerre froide à long terme, Ferguson avait publié sa première critique cinématographique, avait fumé sa première cigarette et avait perdu sa virginité avec une prostituée de vingt ans dans un petit bordel de la 82e Rue Ouest. Le mois suivant il intégra l’équipe première de basket de la Riverside Academy, mais comme il était l’un des trois seuls élèves de seconde sur une équipe de dix joueurs, il resta assis sur le banc de touche et vit rarement plus d’une ou deux minutes d’action par match.

Publié. L’article n’était pas la critique d’un film mais une comparaison entre les mérites respectifs (très différents et cependant équivalents) de deux films auxquels Ferguson réfléchissait depuis des mois. Il parut dans le bihebdomadaire scolaire, médiocre et mal imprimé, le Riverside Rebel, un journal de huit pages qui publiait des informations dépassées sur les compétitions sportives entre écoles, des articles sans intérêt sur des polémiques scolaires (la baisse de qualité de la nourriture à la cafétéria, la décision du directeur d’interdire l’usage des transistors dans les couloirs entre les cours), et des poèmes, des nouvelles, et parfois des dessins d’étudiants qui se prenaient pour des poètes, des nouvellistes et des artistes. Mr Dunbar, le professeur d’anglais de Ferguson cette année-là, était le conseiller pédagogique du Rebel et il encouragea le cinéphile débutant à écrire autant d’articles qu’il voudrait pour le journal, qui avait désespérément besoin selon lui de sang neuf, et des chroniques régulières sur les films, les livres, la peinture, la musique ou le théâtre seraient un pas dans la bonne direction. Intrigué et flatté par la demande de Mr Dunbar, Ferguson s’attela à un article sur Les Quatre Cents Coups et À bout de souffle, ses deux films français préférés de l’été passé, et maintenant qu’il était allé lui-même en France, il semblait tout naturel qu’il commence sa carrière de critique cinématographique en écrivant sur la Nouvelle Vague française.

Hormis le fait qu’il s’agissait de deux films en noir et blanc situés tous les deux dans le Paris contemporain, ils n’avaient, expliquait Ferguson, rien de commun. Les deux œuvres différaient radicalement par le ton, la sensibilité et la technique narrative, ils étaient si différents que cela n’avait aucun sens de les comparer et encore moins de perdre un seul instant à se demander lequel était le meilleur. À propos de Truffaut il écrivait : un réalisme déchirant, tendre mais inflexible, profondément humain, une honnêteté rigoureuse, lyrique. Et sur Godard : saccadé et chahuteur, sexy, d’une violence dérangeante, drôle et cruel à la fois, rempli de clins d’œil au cinéma américain, révolutionnaire.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.