FNA 1829 - Un été à Zédong by Jean-Marc Ligny

Auteur:Jean-Marc Ligny [Ligny, Jean-Marc]
La langue: fra
Format: epub
Tags: FNA, Science-Fiction
Publié: 2010-06-13T22:00:00+00:00

PAGAN DE PAN TANG - 4

Pagan se trouvait au Conseil des Iles-Sous-Le-Vent quand Ganong l'appela.

Le Conseil siégeait en quasi-permanence. Ses membres pouvaient se tenir informés de la situation depuis chez eux, mais ils préféraient rester groupés, afin de centraliser les communications et discuter immédiatement des décisions à prendre. Non qu'il y en eut beaucoup — à part exhorter la population au calme, l'informer ou non des défaites successives subies par la défense spatiale, conseiller aux citadins de s'exiler provisoirement dans les îles plus isolées, qui seraient peut-être épargnées... La plupart des PanTangais n'étaient pas armés : contre qui auraient-ils dû se défendre ? Vols et crimes n'existaient pratiquement pas sur la planète : les rares délits répertoriés étaient toujours informatiques — virus malin, piratage de réseau ou détournement de fonds... Au point que le GRIP — représentant sur chaque monde les lois de la CNM — était réduit sur Pan Tang à quelques fonctionnaires débonnaires, basés dans les capitales, débordés s'ils avaient trois affaires à résoudre dans l'année...

D'autre part, les forces militaires de Pan Tang, fournies par la CNM, étaient concentrées en orbite et n'avaient jamais combattu, sinon contre quelques astéroïdes errants et dangereux... Les astéroïdes, en l'occurrence étaient le meilleur bouclier de Pan Tang, son unique rempart contre une éventuelle agression extérieure — à laquelle personne n'avait jamais vraiment songé, même si Kampfbereit, avec son régime militaire et sa politique expansionniste, représentait une lointaine menace.

Or la menace s'était subitement réalisée : elle était devenue tangible, précise, immédiate. Elle détruisait un à un les systèmes de défense orbitaux de Pan Tang, ses quelques vaisseaux de combat, ses rares astéroïdes piégés ; elle ouvrait des voies au milieu des rochers, semant dans leurs orbites une zizanie qui mettrait des années à se résorber ; elle attaquait déjà Terminal Fret qui s'effondrait sous ses coups, évacué en dernière minute... Rien ne pouvait stopper son avance : les autres mondes ne répondaient plus, tous les canaux Transpace étant inutilisables, les quelques tentatives de sabotage des fréquences militaires de Kampfbereit s'étaient soldées par des échecs, les poches de résistance étaient rapidement annihilées... Les rares « bonnes » nouvelles, reçues sur ondes courtes (un chasseur détruit, un escorteur endommagé, un ou deux appareils de Kampfbereit tombés dans une embuscade) étaient aussitôt contredites par des annonces de défaite, de déroute, de massacre, émises d'une voix étranglée par quelques survivants en sursis... Dans chaque archipel, les Conseils d'Iles étaient suspendus à ces voix grésillantes diffusées par d'antiques récepteurs radio remis en service — et réduites une à une au silence par les attaques impitoyables des troupes d'assaut de Kampfbereit.

— Ils atterriront dans quelques heures, au pire un jour ou deux, observa Bulen d'une voix sourde.

Il transpirait constamment, fondait et s'affaissait. Il était arrivé la veille de Butung, soi-disant pour s'enquérir des progrès de Ganong en matière de brouillage, mais c'était surtout la peur qui lui avait fait fuir la capitale.

— C'est probable, acquiesça Pagan.

— Est-ce qu'on peut encore les arrêter, au moins les ralentir ? demanda un autre membre du Conseil.

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