Fief by David Lopez

Fief by David Lopez

Auteur:David Lopez [Lopez, David]
La langue: fra
Format: epub
Tags: littérature française
ISBN: 9782021362169
Google: TsQpDwAAQBAJ
Éditeur: Seuil
Publié: 2017-08-15T22:00:00+00:00


Baromètre

Quand j’étais petit, le meilleur moment de l’année c’était les vacances de Pâques. Parce que c’était le printemps, il faisait beau et puis il y avait tout le monde au quartier, il n’y en avait pas qui partaient je ne sais où. Du coup on était tout le temps dehors.

On avait ce petit bosquet, mais pour nous c’était une forêt, avec son terrain de basket en ciment au milieu, sa table de ping-pong en pierre, sa poussière et ses arbres, tous espacés de quelques mètres. Il y avait aussi cette mare, avec ses roseaux, ses canards, ses grenouilles et ses perches arc-en-ciel.

Dans la forêt on jouait à tout. Foot, basket, vélo, roller, circuits de billes, bagarre. Chez nous, c’était tous les jours les jeux Olympiques. Moi j’étais là la plupart du temps, et souvent avec Untel et Lahuiss. Du côté de la mare il y avait les pouilleux, ceux qui rentraient chez eux le soir avec les ongles noirs et le pantalon sale. Ixe et Sucré traînaient tout le temps là, et ils emmenaient Poto avec eux, qui était plus petit. On les appelait les maîtres de la mare, et ce n’était pas forcément pour leur rendre hommage. Ils ont passé leur enfance à pêcher et à fabriquer des arcs pour se défendre. Ils faisaient de rares incursions de notre côté, et souvent c’était pour nous glisser une grenouille dans le short. Ixe, surtout, faisait ça. Nous, on les dérangeait quand le ballon tombait dans l’eau. Ça nous obligeait à jeter des cailloux pour que les remous poussent la balle et la dirigent vers la rive.

Le terrain de basket avait ceci de particulier qu’il était disposé de manière à ce que l’un des deux paniers soit au bord de la mare. Le moindre tir raté finissait à la flotte. Pour pallier ce défaut, et pour contenter tout le monde, car nous étions parfois une vingtaine de gamins entre six et seize ans à traîner là, on jouait au creeks. On fait une file indienne devant le panier, et les deux premiers de la file ont un ballon. Celui qui est tout devant tire, et s’il réussit il donne le ballon à celui qui est en troisième, puis rejoint le bout de la file, et ça coulisse comme ça. On élimine celui qui nous précède si on marque avant lui. Ça fait pas mal courir, d’autant plus qu’on a le droit à autant de tirs qu’on veut, tant que celui de derrière ne nous a pas éliminé. Moi ça m’arrivait de shooter le ballon de celui qui me suivait pour l’empêcher de marquer avant moi, et même si ça a souvent donné lieu à des embrouilles on n’a jamais disqualifié personne pour ça.

Quand on jouait au foot, outre le ballon dans l’eau, le principal obstacle c’était les arbres. Alors oui, grâce à eux on avait des buts naturels, et l’un des deux avait son propre défenseur, immuable. Presque tous les arbres étaient des chênes, et celui-ci on l’appelait Maldini. Parfois, en jouant, on dribblait un, deux joueurs, avant de se faire tacler par un arbre.



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