Fiction 108 by Collectif

Fiction 108 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastiques, Nouvelles
Éditeur: opta
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Puis je l’oubliai pendant cinq ans. (Oh ! il me faut mentionner que lorsque je réclamai ma note d’hôtel, on me répondit qu’il n’y en avait pas.) Au cours de ces cinq années, j’effectuai mon second voyage.

Cette fois, nous savions à quoi nous attendre, et nous ne partions pas totalement à l’aveuglette. Il n’y avait plus de problème de carburant, car ce dernier nous attendait sur Titan : il suffisait d’aspirer l’atmosphère de méthane dans nos réservoirs, et nous avions tiré nos plans en conséquence. L’une après l’autre, nous visitâmes les neuf lunes ; et ensuite, nous entrâmes dans les anneaux…

Il y avait peu de danger, pourtant ce fut une aventure éprouvante. Le système annulaire est très mince, comme vous le savez : à peine trente kilomètres d’épaisseur. Nous y pénétrâmes avec douceur et prudence, après avoir observé sa rotation pour y pénétrer exactement à la même vitesse. Comme si nous abordions un manège large de 300.000 kilomètres…

Mais un genre de manège fantomatique, car les anneaux ne sont pas solides et l’on peut voir au travers. De près, en fait, ils sont presque invisibles ; les milliards de particules séparées qui les composent sont si largement espacées, que l’on ne voit autour de soi que de rares petites parcelles dérivant lentement ; ce n’est qu’en regardant au loin que les innombrables fragments se confondent en un tapis continu, tel un nuage de grêle encerclant perpétuellement Saturne.

Cette comparaison n’est pas de moi, mais elle est juste. En effet, lorsque nous apportâmes dans le sas notre premier fragment du véritable anneau saturnien, il fondit en quelques minutes. Certains ressentent du désenchantement en apprenant que les anneaux – ou 90 % de leur ensemble – sont composés de glace ordinaire. Mais c’est une attitude ridicule : les anneaux seraient aussi beaux, aussi magnifiques et pas plus, s’ils étaient faits de diamants.

Quand je revins sur la Terre, au cours de la première année du nouveau siècle, je fis une nouvelle tournée de conférences – mais moins longue, parce que j’avais une famille à présent et souhaitais la voir le plus souvent possible. Cette fois, je rencontrai Mr. Perlman à New York, alors que je partais à l’Université de Columbia et présentais notre film « En explorant Saturne ». (Titre trompeur, puisque nous n’avions jamais approché la planète à moins de trente mille kilomètres. Personne n’imaginait à cette époque que l’homme oserait descendre dans cette gadoue turbulente qui forme la surface de Saturne.)

Mr. Perlman m’attendait après la conférence ; je ne le reconnus point, étant donné que j’avais rencontré environ un million de personnes depuis notre entrevue précédente. Mais quand il m’eut dit son nom, tout me revint à l’esprit, avec une telle netteté que je me rendis compte qu’il m’avait fait une forte impression.

Il parvint, je ne sais comment, à m’éloigner de la foule ; bien qu’il détestât s’adresser à des gens massés, il avait un don extraordinaire pour dominer les groupes quand il le jugeait nécessaire – et de filer ensuite avant que ses victimes se rendissent compte de ce qui était arrivé.



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