Éloge du gaucher by Jean-Paul Dubois

Éloge du gaucher by Jean-Paul Dubois

Auteur:Jean-Paul Dubois [Dubois, Jean-Paul]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782757807217
Éditeur: Points
Publié: 1986-02-14T23:00:00+00:00


7.

J’ai lu une histoire. Je ne sais plus où. Je ne sais plus quand...

J’ai lu une histoire. Je ne sais plus où. Je ne sais plus quand... Je vous en donne l’essentiel. Un homme qui avait eu énormément de biens se retrouva au seuil de la mort pratiquement dépourvu de tout. Pour son agonie, seuls ses dettes, un vieux chat et un jeune voisin lui tenaient compagnie. Tout à la fin, alors qu’il n’était déjà plus qu’un souffle, son fils vint le visiter. L’enfant unique, égoïstement, n’avait jamais pardonné à son père d’avoir tout dilapidé. Il était de ces gens pour lesquels les économies ont plus de prix que l’affection. Aussi, le dernier entretien ne fut guère sentimental. Le fils dit quelque chose comme : « Comment vas-tu ? » et le vieux répondit : « Je suis déjà parti. » Il y eut un long silence, puis l’enfant ajouta : « Va tranquille, je ne t’en veux pas de nous avoir ruinés. » Le mourant eut un sourire pâle et méprisant à la fois à l’endroit de son descendant : « Tu n’as pas à m’en vouloir. Ni à me juger. Bien au-delà des fortunes et des billets éphémères, sache que tu as hérité de mon bien le plus précieux, mon côté gauche. » Ce n’est qu’après l’enterrement que le fils comprit le sens d’un tel propos. Talis pater, qualis filius. Cela lui parut bien maigre. Le père était gaucher, le fils était gaucher, mais la famille ruinée. Il réfléchit un instant à la valeur d’un tel cadeau, comprit très vite qu’il ne pourrait parier avec aux champs de courses, mais considéra par ailleurs que ce legs-là était inaliénable et que les huissiers n’auraient aucune prise sur lui. Tout bien considéré, il s’estima pauvrement nanti, mais nanti tout de même. Puis, après quelques jours de mélancolie, il partit en voyage à l’étranger. On raconte qu’il y devint très riche.

Tout cela pour aborder par l’anecdote une autre question d’envergure que se sont posée les spécialistes à propos des gauchers : le « mal » est-il héréditaire ? Il y a d’abord l’histoire célèbre de cette femme gauchère qui, successivement et dans la douleur, mit au monde quatorze salopiauds, braillards, humides, gluants et, évidemment, tous gauchers. Dans l’interrogation qui nous occupe, cela ne prouve rien, si ce n’est le courage et l’abnégation des mères lorsqu’elles se soumettent à la frénésie de luxure de leur mari. Ces considérations cependant nous éloignent de nos gènes. Des études pourtant précises ont été faites à leur propos. D’après les travaux de David C. Rife, la gaucherie prononcée se retrouve chez 7 pour 100 des enfants de parents droitiers. Ce chiffre grimpe à 20 pour 100 pour les enfants comptant un père ou une mère gauchers, et se cale à 50 pour 100 lorsque les deux parents sont des utilisateurs de la main gauche. On mesure donc l’importance du facteur héréditaire. Il a cependant ses limites. Prenons le cas de jumeaux monozygotes. Comme chacun devrait le



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.