Disparition sous le baobab by Andrée Poulin

Disparition sous le baobab by Andrée Poulin

Auteur:Andrée Poulin
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse, Exotisme, Amitié, Amour
Éditeur: Québec Amérique
Publié: 2015-07-20T00:00:00+00:00


CHAPITRE 11

MAUVE COMME

UNE SANDALE DANS LA BOUE

Béa essaie de bercer Amadou. Il donne des coups de pied et pousse des bêlements de mouton malade. Elle le pose sous le baobab, entre deux grosses racines. Ça lui fait une sorte de nid.

Deux chiens font irruption au bout du sentier. Le plus petit saute sur le plus gros. Ils se mordent férocement. Leurs jappements aigus résonnent dans la forêt. Le bébé braille encore plus fort. Béa couvre ses oreilles de ses mains. Finalement, le gros chien s’enfuit, la queue entre les jambes, l’oreille ensanglantée.

Le petit chien s’approche lentement du baobab. Il est squelettique, avec un pelage couleur prune et une gueule d’hyène. L’animal retrousse ses babines et grogne. Béa serre Amadou contre elle.

Le bébé crie. Le chien jappe. Béa essaie de ne pas s’affoler. Elle remet le bébé dans son nid de racines. Elle cherche des yeux une grosse roche, ne trouve pas. Finalement, elle ramasse une poignée de gravier et la lance en direction de la bête. Il recule un peu, aboie de plus belle.

Béa enlève sa sandale mauve et la lance de toutes ses forces. La sandale frappe le derrière du chien. L’animal cesse d’aboyer et disparaît dans les buissons. La fillette reprend son souffle. Ses mains tremblent. Elle a le toupet trempé de sueur.

Amadou pleure toujours. Béa s’assoit près de lui, appuie son dos contre le baobab et ferme les yeux. Elle a mal à la tête. Elle meurt d’envie d’enlever son t-shirt qui pue le pipi ! Elle meurt d’envie de boire un grand verre de limonade glacée !

Amadou agite les bras, les jambes. Il hurle de colère, le menton luisant de bave, les joues couvertes de morve. Où est passé le plus beau bébé du Burkina ? Sur la robe d’Habiba, les cœurs roses virent au brun. Béa déroule le vêtement. Un liquide couleur rouille coule entre les jambes du bébé.

Béa tente d’essuyer le caca, mais il lui faudrait de l’eau, du savon, des serviettes, une baignoire, des couches et des vêtements propres. Tout ce qu’elle a, c’est une robe volée, déjà à moitié souillée.

Des gouttes de sueur tombent dans les yeux de Béa. Elle enveloppe de nouveau le petit dans un pan de robe encore sec. Il hurle comme s’il avait des épines aux fesses. Béa n’en peut plus. Elle a peur de se mettre à crier elle aussi.

Désespérée, elle se lève et tourne en rond autour du baobab. Elle remonte un peu le sentier, redescend.

— Allo ?! Il y a quelqu’un ? Il y a quelqu’un ?

Pas de réponse. Personne. Personne pour lui dire comment apaiser un bébé affamé. Personne pour lui dire comment consoler un poupon inconsolable. Si seulement sa mère était ici. Elle peut calmer un bébé braillard en un rien de temps. Si seulement elle avait le biberon. Un bout de banane. Un balafon même.

Tout à coup, Béa entend le tonnerre rouler au loin. Elle lève les yeux et pousse un cri d’angoisse devant le ciel soudain si sombre. L’orage ! L’orage arrive ! La fillette panique.



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