Des dieux et des bêtes by Denise Mina

Des dieux et des bêtes by Denise Mina

Auteur:Denise Mina [Mina, Denise]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller
ISBN: 9782702439470
Publié: 2014-10-14T22:00:00+00:00


14

Martin avait couru une heure et demie. Il avait couru malgré ses jambes qui le brûlaient, traversé la pluie et le froid, couru jusqu’à trouver un rythme régulier, qui le réchauffait. Avec Rosie, un lien s’était créé, un lien authentique entre deux êtres humains ; et l’odeur de sa cigarette persista longtemps dans ses narines puis, peu à peu, lavée de sa peau par le vent et la pluie, elle se mua en souvenir. Il se sentait détendu, ragaillardi, humain.

Il ne prit pas le temps de marcher pour reprendre son souffle, par crainte de crampes aux mollets, mais sentit un nouveau regain d’énergie à l’approche de la côte menant à sa porte et s’y attaqua avec plaisir, conscient que ce n’était pas raisonnable mais sans en concevoir de l’inquiétude.

Au cœur de ce paradoxe, il aperçut sa mère dans l’encadrement de la fenêtre. Souriante, pleine d’espoir, elle se lissait les cheveux comme s’il était un amoureux dont elle attendait la venue et la confirmation qu’elle lui plaisait.

Martin s’arrêta net, l’effroi lui serra la gorge.

La porte lui fut ouverte par Philippe, un homme qui incarnait une dignité qu’eux-mêmes auraient dû posséder, comme s’il cherchait à montrer l’exemple. Philippe patientait, le regard baissé mais un sourire frémissant à ses joues.

— Philippe, lança Martin, le corps soudain en proie à un accès de sueur poisseuse.

— Monsieur Martin.

Martin franchit le seuil et sa mère accourut dans le vestibule.

— Oh ! mon chéri.

Elle s’exprimait d’une voix traînante, pas à cause du Xanax, c’était autre chose.

— Mon chéri, mon chéri…

Elle se précipita vers lui, lui prit le visage à deux mains.

— Tu as une mine terrible. Qu’est-ce qui t’est arrivé ?

Se dégageant de son étreinte, Martin aperçut ses deux pères debout dans la cuisine.

— Marty ! fit son beau-père.

Il s’était remis à boire. Il n’était pas saoul mais affichait cet air amer, souvent annonciateur d’une violente dispute.

— Fiston, lui dit son père avec une sorte de sourire, contraint de dissimuler son bonheur de le voir sous une froideur de façade.

Ils voyageaient toujours accompagnés d’un million de bagages, pourtant le vestibule était vide. Ils les avaient sans doute déjà portés dans les chambres. Ils n’étaient pas censés avoir la clé de cette villa.

— Où sont vos bagages ? s’enquit Martin, en s’essuyant le visage dans son T-shirt.

Sa mère fondit en larmes, c’en était trop pour elle.

— Mon chéri, on sait que tu ne souhaites pas nous voir débarquer sans cesse à l’improviste, alors nous sommes descendus à l’hôtel.

— Tu es sérieuse ?

— Oui, chéri. Tu vois ? On essaie de se plier à tes exigences.

Passant son bras dans le sien, elle l’entraîna vers la cuisine :

— Allons prendre le petit déjeuner tous ensemble !

Ils longèrent la salle du petit déjeuner, puis la deuxième salle à manger, jusqu’à la cuisine au bout du couloir. La pièce donnait sur une petite cour au fond de laquelle se trouvaient les bâtiments des communs : une écurie rénovée en appartement de luxe. La vue n’était pas fantastique : ni le Pacifique ni les Rocheuses.



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