Derriere-le-mur-blanc by Eddy C. Bertin

Auteur:Eddy C. Bertin
La langue: fra
Format: epub
Tags: Bibliothèque Marabout - Fantastique n° 631
Éditeur: MARABOUT
Publié: 1977-04-15T00:00:00+00:00

Quelques reportages sans grand intérêt, bien qu’urgents, occupèrent la plus grande partie de son temps au cours des jours qui suivirent. Il fallait donc qu’elle se tienne à l’écart de ce qu’elle appelait avec un rien de moquerie : le cas Condar. Puis elle se ménagea de nouveau quelque temps libre. Sur ces entrefaites, elle avait fait quelques petites découvertes, en s’y prenant prudemment. Condar s’occupait de la vente de produits chimiques et son métier devait lui rapporter beaucoup, car il ne travaillait que trois ou quatre jours par semaine. Elle avait cherché et découvert les différentes adresses qu’il avait habitées au cours des dernières années ; avec mille précautions, elle avait tenté de recueillir quelques renseignements dans leur voisinage. Ce fut en vain : personne ne se souvenait de Howard Condar ; il semblait être un homme sans visage qui n’avait pas laissé la moindre impression où qu’il passât. Pour finir, elle décida qu’elle pourrait tout aussi bien tenter une approche directe de l’homme, toutes ses recherches ne l’ayant menée nulle part.

C’est ainsi qu’au départ d’un des jours de sortie de Condar, elle le fila, tout en prenant ses précautions, dès qu’il eût quitté son appartement. La matinée était belle ; l’air était frais et pur, sans la moindre pollution. Le soleil luisait faiblement, promettant un peu de chaleur pour l’après-midi, à condition qu’il parvînt à percer tout à fait les nuages. Quand elle vit que l’homme se dirigeait vers le parc de la ville, elle prit un bref raccourci, de sorte qu’elle se trouva bientôt sur son passage.

— Bonjour, dit-elle, en donnant à sa voix son intonation la plus neutre, voilà que nous nous rencontrons de nouveau, pas vrai ?

Il eut un léger sourire sans gaieté, relevant froidement les commissures de ses lèvres dans un sourire de convenance assez niais.

— En effet, constata-t-il. Vous avez un merveilleux don pour travestir la vérité. Vous avez dû courir très vite pour arriver ici avant moi.

— Cela ne vous dérangera pas, je suppose, si je vous tiens un moment compagnie ? répliqua-t-elle sèchement. Je pense que vous me devez un mot d’explication.

— C’est votre avis ? fit-il d’un ton calme mais ferme. Ce n’est pas le mien.

Furieuse, elle se mit à marcher à côté de lui :

— Je pense que la façon dont vous m’avez menacée, l’autre soir, demande des excuses, insista-t-elle.

— Menacée ? Je regrette, miss, mais je ne crois pas avoir rien fait de tel. Si toutefois je l’ai fait, je crains bien que vous n’ayez pas tenu compte de ma suggestion.

« Le chat et la souris, charmant jeu pour deux, songea Lilly. Il se sent en sécurité, mais l’intempestif intérêt que je lui porte suffit à Vattirer hors de sa retraite. Se douterait-il aussi que je cherche à marquer un but en pleine obscurité ? »

Le parc était presque désert. Les enfants étaient à l’école, à présent, entraînant avec eux le fond bruyant de ces lieux, et la fraîcheur du matin avait chassé les rares promeneurs matinaux et les maniaques de l’hygiène.

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