De notre sang by Debreuve-Theresette Adeline

Auteur:Debreuve-Theresette Adeline [Adeline, Debreuve-Theresette]
La langue: fra
Format: epub
Tags: BitLit
Éditeur: Le Petit Caveau
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Chapitre 7 : les Noces de Cana

« You had so much, and now so much is gone.

What are you gonna do with your life? »

Neil Young, Natural Beauty..

Château de Dracula, début de l’hiver.

Dracula avait déposé le corps de la jeune femme sur son propre lit. Elle était si blanche qu’on aurait pu la croire morte. L’hémorragie avait finalement été enrayée mais Marie avait perdu beaucoup de sang.

La vision de cet élixir gaspillé et la crainte de voir ses projets annihilés avaient effrayé le vampire, mais n’avaient heureusement pas anéanti ses réflexes. Partagé entre le malaise provoqué par la vue de ce sang tant convoité qui lui échappait, et son inquiétude, il n’avait pleinement recouvré ses esprits que quand il avait été sûr que sa prisonnière était hors de danger.

En la voyant si pâle et si faible, à demi-morte en somme, il sentait son cœur inerte s’étreindre au creux de sa poitrine. Il la voulait belle et saine, pour engendrer sa descendance. Il voulait la posséder et la faire sienne. Mais à quel prix ?

Du bout des doigts, il effleura sa joue. La peau de la jeune femme, malgré la blessure, restait plus tiède que la sienne. Même ainsi, elle paraissait plus vivante que lui, pauvre mort vivant dont le sang glacé ne circulait plus et dont le cœur dur ne savait plus battre…

L’absurdité de la situation lui sauta aux yeux et, amer, il douta.

Marie flottait dans un brouillard épais et tiède. Où allait-elle ? Était-elle morte ? Pendant quelques douloureuses minutes, mourir avait bien été dans son intention. Mais, aux portes de la mort, elle n’était plus certaine d’avoir pris la bonne décision...

Le brouillard opaque se dissipa progressivement, laissant place à une lueur, d’abord blafarde, puis de plus en plus vive. Elle comprit qu’elle avait les yeux grand ouverts. Elle cligna des paupières et sa vision s’éclaircit enfin. Un nouveau plafond inconnu lui faisait face, toujours pâle, toujours froid, toujours silencieux.

- Vivante... murmura-t-elle.

Elle voulut bouger, mais une violente douleur dans la poitrine lui rappela la blessure qu’elle venait de s’infliger. Elle laissa échapper un gémissement de souffrance.

- Ne parlez pas, dit une voix grave à côté d’elle. Dormez.

Dracula... Si elle était vivante, qu’est-ce qui l’attendait ? Mais elle n’avait pas la force d’avoir peur pour l’instant. Le brouillard se reforma devant ses yeux, et elle retomba inanimée.

Lorsqu’elle rouvrit les yeux, quelques heures plus tard, Marie tomba nez à nez avec Dracula. La lumière lui sembla d’abord aveuglante, et il lui fallut plusieurs minutes pour s’y habituer. Finalement, elle comprit que la pièce, une petite chambre coquette et plutôt chaleureuse, était à peine éclairée.

Le comte était penché sur elle et l’observait avec attention dans son sommeil. Elle voulut lui échapper mais son extrême faiblesse et la douleur de sa blessure l’en empêchèrent. Il lui saisit fermement les poignets pour l’immobiliser. Cependant, devant sa grimace douloureuse, il desserra son étreinte et lui lança un regard rageur.

- Êtes-vous satisfaite de votre petite mise en scène ? Vous a-t-on accordé suffisamment d’attention ?

La jeune femme avait dû se tromper en croyant voir autre chose que de l’égoïsme dans ses yeux.

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