De mère inconnue by Charles Briand

De mère inconnue by Charles Briand

Auteur:Charles Briand [Briand, Charles]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature française, roman
ISBN: 9782862749716
Google: Q15wnAEACAAJ
Éditeur: Editions De Borée
Publié: 2002-04-16T22:00:00+00:00


La Gloire du héros

Le médecin avait raison.

— Dans un mois, tu seras mariée, avait-il dit.

Il fallait que je me prépare. Et pour ça, je ne pouvais compter que sur moi-même. Ma mère était bien venue voir si « ça tenait toujours », mais n’avait pas offert de m’aider. Questionnée, la patronne me recommanda de demander à son fils… de me conduire au marché pour m’acheter ce qu’il me fallait. La pauvre femme radotait tout à fait. J’en ai parlé à Robert, il a haussé les épaules, indifférent à mes préoccupations.

Finalement, c’est le patron qui m’a offert de m’accompagner au marché du lundi à Doué. Inutile de rentrer dans le détail des achats que j’ai pu faire, sinon pour dire que le plus difficile à trouver a été la « robe de mariée ». Imaginez la tête des camelots quand je leur demandais ce qu’ils avaient à me proposer comme robe de mariée pour moi. Ils détaillaient la gamine et sa bosse, avec des yeux ronds comme ça. Si j’ajoute les mimiques de mon vieux compagnon qui s’offrait à payer… On devait faire un beau couple, vous ne croyez pas ? Et finalement un camelot compréhensif, ou compatissant comme vous voudrez, me dénicha juste ce qu’il me fallait. J’étais heureuse, comme le jour où la patronne m’avait acheté mes premières affaires neuves.

Il était presque midi quand nous avons retrouvé cheval et voiture pour rentrer. Comme d’habitude, je tenais les rênes. Le patron, aussi heureux que moi, me charriait, parce que j’avais mis sur ma tête le grand chapeau de paille que j’avais acheté pour me parer du soleil de ce mois d’avril. En cet instant, nous avions l’un et l’autre oublié nos soucis. À peine avions-nous quitté la ville que nous avons rattrapé un homme marchant d’un bon pas au bord de la route. Nous le voyions de dos. Habillé sobrement, il portait une musette et sa tête était couverte d’une casquette à grande visière.

— Encore un qu’a peur du soleil.

Le patron se fichait de moi.

— Chiche que je lui dis de monter avec nous !

Quand le cheval l’a doublé, l’homme a tourné la tête vers nous. Le patron a ouvert la bouche pour l’inviter à monter. C’est un cri qu’il a poussé. Et quel cri !

— Arsène !

Déjà, il avait tiré sur les rênes pour arrêter le cheval et descendait ou plutôt dégringolait de la voiture.

— Arsène, mon fils. Toi enfin…

— Papa ? Qu’est-ce que tu fais là ?

— Arsène, mon fils, monte… On rentre à la maison. Ah si je m’attendais !

La première émotion passée, les deux hommes se regardaient sans parler. Ils n’en finissaient pas de se reconnaître. Leurs yeux prenaient toute leur énergie. À quoi bon tenter de parler ! Bien calée sur mon banc, cachée sous mon chapeau, je faisais tout pour pousser le cheval, en pensant « pourvu que la patronne soit encore là ».

— Et maman, comment ça va ?

— Ça va, ça va. Elle est bien fatiguée, mais ça va.

— C’est sûr ?



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