De L'Influence Du Lancer De Minibar Sur L'Engagement Humanitaire by Marc salbert

Auteur:Marc salbert [salbert, Marc]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Le Dilettante
Publié: 2014-02-03T00:00:00+00:00

21

Charlie était partie à l’aube. Elle avait des principes, pas question de dormir avec Arthur, elle aurait eu l’impression de tromper Pablo, le pauvre, lui qui passait ses nuits sous la tente depuis des semaines à se battre contre des hordes de moustiques. Il s’était endormi, terrassé par l’exquise fatigue des nuits d’amour, et il s’était réveillé à 10 heures, dispos et affamé. Une odeur de café le tira du lit. Son petit déjeuner était prêt. Daoud allait chercher une baguette et des croissants tous les matins et il préparait des tartines au beurre salé qu’il disposait de chaque côté de la tasse. Personne n’évoqua la nuit précédente. Daoud savait se tenir à sa place, il évitait tout sujet qui pourrait se révéler embarrassant et Arthur n’était guère disert au réveil. Il consulta les nouvelles de la nuit sur son iPhone pendant que Daoud s’affairait dans la chambre pour aérer la pièce, lourde de sucs capiteux, et pour retaper le lit, témoin de tant de débordements ces dernières heures.

Le soleil dessinait un rai de lumière sur la table de la cuisine, comme une invitation à le suivre. Le printemps s’installait enfin après des mois de grisaille et de crachin. Les jupes et les robes allaient ressortir des placards et envahir les terrasses de la Butte pour un défilé de jambes à ne rater sous aucun prétexte. Il ne lui restait plus que quelques chapitres à terminer, il avait pris de l’avance sur son programme, ce qui valait bien une matinée de farniente. Avant de prendre une douche, il ouvrit son manuscrit au hasard et relut quelques pages. Il écrivait à une telle vitesse que parfois il ne se souvenait plus de passages entiers composés dans la fièvre et aussitôt oubliés et il fut surpris de se trouver aussi spirituel. Quel style ! Quel allant ! Décidément cette journée commençait bien. Il appela Hassan pour lui proposer de le rejoindre chez Francis où il avait décidé de tenir salon jusqu’au déjeuner.

La table stratégique de la terrasse était à gauche de l’entrée. Elle offrait une vision panoramique, depuis les escaliers du Mont-Cenis jusqu’au carrefour entre Caulaincourt, Francœur et Custine. Ce petit périmètre agissait comme un aimant sur toutes les beautés du versant nord de Montmartre, elles y flânaient dès les premiers rayons, buvant des mojitos, comparant le nouveau vernis de leurs doigts de pieds enfin en liberté dans des tongs multicolores et elles se racontaient la soirée de la veille avec Raoul, Peter ou Laslo, chuchotant quelque détail croustillant qui les ferait rire aux éclats.

Hassan le rejoignit vers onze heures avec la mine des mauvais jours. Il s’affala dans un fauteuil sans même jeter un coup d’œil sur le panorama.

– J’ai complètement merdé !

– Pardon ?

– Tu as vu cette fille hier soir ?

– De loin, j’avais l’impression que ça se présentait pas mal.

– Pas mal ? Mais c’est la femme de ma vie et j’ai tout gâché ! Mon Dieu, je suis désespéré ! Un café, Tania s’il te plaît.

À l’annonce

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