De Bonaparte a Balfour by Ran Aaronsohn et Dominique Trimbur

De Bonaparte a Balfour by Ran Aaronsohn et Dominique Trimbur

Auteur:Ran Aaronsohn et Dominique Trimbur [Ran Aaronsohn et Dominique Trimbur]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Palestine, Empire ottoman, Alliance israélite universelle, École biblique, présence française en Palestine
ISBN: 9782271077851
Éditeur: CNRS Éditions
Publié: 2019-04-20T11:21:32+00:00


L’essor tardif des congrégations après 1870

Pourquoi après 1870 assiste-t-on à une véritable invasion congréganiste en Palestine ? On peut avancer plusieurs raisons générales comme l’essor plus tardif des congrégations d’hommes en France et la multiplication également différée – par rapport à la nouveauté française – des congrégations féminines dans la catholicité européenne : la seconde vague d’implantation en Palestine répond effectivement pour partie à ces évolutions européennes plus tardives. Cet essor des congrégations en Palestine coïncide aussi avec le réveil du pèlerinage en Terre sainte. Prenons un seul exemple : Thérèse Martin, fille d’un rentier aisé d’une petite ville de Normandie, va à quinze ans en pèlerinage à Rome en 1887 et se voit offrir la possibilité, qu’elle récuse pour entrer au Carmel, d’aller aussi à Jérusalem. J’avancerai pour ma part une autre raison à ce renouveau d’intérêt pour les « Lieux saints ». La catholicité romaine est orpheline des États pontificaux, après la prise de Rome en 1870, maintenant capitale du nouveau royaume d’Italie. La disparition des États pontificaux entraîne une perte de visibilité de la continuité historique catholique. Par compensation c’est le même mouvement qui pousse les catholiques à s’intéresser tout à la fois à l’actualité la plus nouvelle (Rerum novarum35) et aux racines mêmes de cette catholicité (Jérusalem... et les études bibliques).

Quoi qu’il en soit de ces causes générales, il est possible de pressentir, sur le terrain, ce qui bouge et de quelle manière les modifications ont lieu. On trouve d’abord, après 1870, les conséquences d’une présence congréganiste laissée à son propre mouvement, qui aboutit à des créations toujours plus solides, toujours plus monumentales, ici en étendant spectaculairement aux garçons ce qui était fait pour les filles, là en créant des véritables hôpitaux où l’on se contentait avant de centres de soin plus sommaires. Ainsi a lieu en 1874, dans la banlieue de Jérusalem, toujours à l’initiative de Marie-Alphonse Ratisbonne, la création par les pères de Sion – qui sont fondés à cette occasion – d’une école professionnelle intitulée quelque peu pompeusement « École d’art et métiers pour les jeunes gens de la Terre sainte36 » : cette école nouvelle permet d’offrir des formations professionnelles dans les métiers de l’alimentation (boulangerie) et de l’artisanat (menuiserie). Ainsi encore de la construction par les sœurs de Saint-Joseph de deux hôpitaux, l’un à Jaffa en 1877, l’autre à Jérusalem en 1880, ce dernier grâce à la générosité du Comte de Piellat37. Or la fièvre de construction est contagieuse dans le monde congréganiste et la générosité du dit Comte paraît inépuisable...

C’est le moment aussi où le phénomène congréganiste s’internationalise voire s’indigénise, ce qui se traduit par l’arrivée de nouvelles congrégations. Toutefois dans un premier temps, aux lendemains de la guerre de 1870, la France manifeste – et seule encore pour une décennie – un net regain d’intérêt pour la Palestine ; en ce domaine le « recueillement » n’a pas lieu, les traumatismes de 1870 et de 1871, sont au contraire, comme en métropole38, immédiatement « productifs » au plan religieux.



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