Crise à Saint-Chad by Charles Theresa

Crise à Saint-Chad by Charles Theresa

Auteur:Charles, Theresa [Charles, Theresa]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Éditeur: J'ai lu
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


10

— Je vous demande pardon, madame la surveillante, mais Sean... je veux dire le Dr O'Halloran, est venu voir comment allait Mrs Bruce, dit Peggy Trent d'un ton où le défi se mêlait à l'excuse. Et... ce n'est pas un crime de voler un baiser.

— Dans mon bureau ? demanda froidement Inez.

— Je ne vous attendais pas si tôt, bredouilla Peggy. En tout cas j'avais pensé qu'une femme mariée serait plus indulgente... et ne ressemblerait pas à cette vieille bigote de miss Airdrie.

— Qu'avez-vous dit ? interrogea Inez glaciale.

Extérieurement elle était l'image d'une surveillante froide et digne dans son uniforme empesé. Mais, au fond du cœur, elle ne se sentait pas dans son élément. Elle n'avait jamais dirigé un service et n'avait jamais eu à maintenir l'ordre dans un essaim d'infirmières. Elle regarda avec un dégoût visible la jeune fille rouge et décoiffée. Avant d'entrer, à travers la porte vitrée de son bureau, elle avait aperçu Peggy Trent dans les bras du jeune chirurgien roux qui la repoussait.

A l'arrivée d'Inez, il s'était retourné et s'était écrié d'une voix traînante :

— Bonjour, madame ! Comment va ?

— Bonjour, monsieur O'Halloran, avait répondu Inez, les sourcils froncés. Qu'est-ce qui vous amène à la Maternité de si bonne heure ? Une urgence ?

— Non, simplement une intuition. Surveillez de près Mrs Bruce. J'ai le pressentiment qu'elle nous donnera du fil à retordre, avait répondu Sean d'un ton froid. A bientôt.

Avec un geste désinvolte et un sourire qui ne manquait pas de charme, adressé, semblait-il, à la fois à la surveillante et à l'infirmière, il était parti. C'est bien d'un homme, avait pensé Inez indignée, de laisser Peggy Trent subir la juste colère de la surveillante. Il n'avait pas cherché à s'excuser pour elle ou pour lui. En ce qui le concernait, il se moquait probablement des réactions de la surveillante. Ces jeunes médecins pouvaient se payer le luxe de défier l'autorité. Il y avait pénurie de diplômés dans la plupart des hôpitaux et Saint-Chad n'était pas une exception.

Dans le passé, avant la nationalisation des hôpitaux, Saint-Chad, renommé parmi tous les établissements de province pour les études qu'on y faisait, avait une surabondance de candidats. Ceux qui y étaient acceptés n'avaient qu'à se louer des rétributions et des conditions de travail et ils jouissaient d'un prestige particulier. Maintenant beaucoup trop de « fils de Saint-Chad » prenaient des postes outre-mer, une fois leur internat terminé. On ne pouvait les blâmer de penser à leur avenir plutôt qu'à celui de l'hôpital, mais il était amer de les voir remplacés par des étrangers venus d'un peu partout pour acquérir de nouvelles connaissances, et qui se souciaient très peu de l'hôpital lui-même et de ses traditions ; d'ailleurs ils n'y faisaient pas de longs séjours.

Aux yeux d'Inez, Sean O'Halloran était à la fois un inconnu et un étranger. Le bruit courait qu'il avait fait ses études aux Etats-Unis. Certainement, son accent était américain plutôt qu'irlandais et son attitude visa vis de Saint-Chad était vaguement insolente et méprisante comme s'il jetait un défi aux traditions.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.