Contes De L'Intramonde by Alexandro Jodorowsky

Contes De L'Intramonde by Alexandro Jodorowsky

Auteur:Alexandro Jodorowsky [Alexandro Jodorowsky]
La langue: fra
Format: epub
Tags: nouvelles, contes
ISBN: 9782226237927
Google: UnDmO0XxPwkC
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2011-05-31T22:00:00+00:00


8

À mes questions sur son passé, elle répondait seulement par un charmant sourire. Je n’ai jamais su qui étaient ses parents, quelle était sa nationalité, quelles cruautés elle avait subies. Elle se montrait toujours joyeuse, comme un ange sans passé. En vérité, je crois que c’est ce qui m’a séduit. D’une certaine façon, moi non plus je n’avais pas de passé. Un père inexistant et une mère qui ne m’avait jamais vu, incapable de m’embrasser ou de me caresser, comme si elle ne m’avait jamais mis au monde. C’est pour cette raison qu’avec les morts, moi un non-né, je me sentais parmi mes compatriotes. Loïe du ciel, l’être humain qui pour la première fois m’a traité avec affection en m’appelant grand-père, a été non seulement ma petite-fille, mais aussi ma mère. L’amour est né dans mon cœur à la manière d’un torrent.

Sachant que sa vie était menacée, afin que les voisins, en entendant des bruits d’un autre être chez moi, croient que c’étaient ceux d’un animal, j’ai acheté une niche et je l’ai installée dans le jardin. La petite a pu y dormir sans éveiller les soupçons. Au bout d’un certain temps, grâce à ses soins, les marguerites se sont mises à pousser jusqu’à atteindre la taille de tournesols. L’arbre s’est couvert de grosses cerises. Est-ce le vent qui a apporté les graines ? Des violettes, des œillets, des jasmins, des lis et des coquelicots sont apparus, offrant leur nectar à des papillons multicolores. Des bandes de canaris, qui avaient élu domicile dans les branches du cerisier, ont chanté de doux hymnes au lever et au coucher du soleil. Je me suis aperçu que mon jardin n’était pas un endroit immobile, semblable à un mort, mais qu’il changeait continuellement, passant d’une beauté à une autre. Loïe du ciel, lorsqu’elle me montrait ses insectes, ses oiseaux et ses plantes, me prenait les mains, les embrassait sans se plaindre de ce qu’elles sentaient le cadavre et de temps en temps, pour me dépouiller de l’angoisse, elle imitait à la perfection les joyeux aboiements d’un chien.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.