Conjuration sur Joklun-N'ghar by Guieu Jimmy

Auteur:Guieu, Jimmy [Guieu, Jimmy]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, SF
Éditeur: benhenda89 - FRBoarD
Publié: 2011-09-02T09:50:19+00:00

CHAPITRE V

La splendide résidence qui dominait les hauteurs de la capitale avait été cruellement frappée par l'attentat. Les colonnes de marbre rose du péristyle, soufflées par l'explosion, ne subsistaient plus qu'à l'état de moignons. Le toit et une partie des murs de l'aile nord s'étaient effondrés en un tas de gravats d'où s'élevaient d'inquiétantes fumerolles, indiquant l'existence de plusieurs foyers d'incendie à qui il ne manquait qu'un peu d'oxygène pour se développer. Une langue noire ornait la façade à partir du deuxième étage, seule trace du feu intense qui avait eu le temps de ravager l'édifice avant l'arrivée des pompiers. Le reste du palais paraissait ne pas trop avoir souffert, mis à part quelques fissures. Comme on aurait pu s'y attendre, il ne subsistait plus une seule vitre intacte.

Les N'Ghariens qui composaient le premier cordon de police, déployé à une centaine de mètres du bâtiment, avaient reçu l'ordre de ne laisser passer personne. Par bonheur, l'officier le plus proche appartenait à la même confédération de tribus que le clan de Kaxang. Celui-ci n'eut qu'à lui adresser la parole en honxonn, la langue véhiculaire de leur jungle natale, pour que le policier les autorisât à poursuivre tranquillement leur chemin.

— Fais attention, frère de mon frère, ajouta-t-il. Les Terriens sont sur les nerfs.

L'astrogateur massa machinalement son menton douloureux.

— Je m'en suis rendu compte, répondit-il avec un demi-sourire qui se voulait rassurant.

— Je ne plaisante pas. La situation peut devenir incontrôlable à tout moment. (Il désigna son communicateur.) Une dizaine des nôtres ont été lynchés en ville, et plusieurs extraplanétaires ont disparu.

— L'attentat a-t-il été revendiqué ?

— Pas que je sache. Mais tu peux parier que c'est nous qui allons être accusés.

— Reprends-toi, frère de mon frère, dit Kaxang d'une voix ferme et solennelle. Joklun-N'Ghar est perdue si nous commençons à penser en termes de « nous » et d'« eux ». Car nous sommes tous dans la même pirogue.

Le policier battit des paupières. Il paraissait fatigué et désabusé, mais c'est avec énergie qu'il approuva :

— Tu as raison. Si nous devons nous en sortir, ce sera tous ensemble. Il n'y a pas d'autre possibilité.

L'astrogateur salua rituellement son interlocuteur avant de rejoindre ses compagnons, qui l'attendaient à quelques mètres de là. Tandis qu'ils se dirigeaient vers le palais, il leur résuma sa conversation avec le policier.

— Si tous les N'Ghariens gardent la tête aussi froide que ce policier et vous, dit Baker, peut-être y a-t-il encore une chance d'empêcher que la planète ne sombre dans le chaos.

— Mouais, marmonna Andy, mais reconnais que ça aiderait si les Terriens en faisaient autant.

Tous approuvèrent pensivement.

Le second cordon de police s'avéra bien plus difficile à franchir. Les membres de la garde personnelle du Gouverneur, qui le composaient, avaient en effet reçu l'ordre formel de ne laisser passer aucun N'Gharien, hormis les représentants de l'Assemblée constituante, dont on attendait l'arrivée d'un moment à l'autre. Kaxang proposa à ses amis de continuer sans lui, mais ils refusèrent avec un parfait ensemble. La discussion reprit de plus belle, et

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