Conan le grand by Carpenter Léonard

Auteur:Carpenter, Léonard [Carpenter, Léonard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: aventure
Publié: 1993-04-04T16:23:08+00:00

CHAPITRE XIII

BERCEAU DE L’EMPIRE

Des lumières éblouissantes et des ombres tourbillonnantes jouaient sur les hautes fenêtres du palais royal de Tarantia. Les échos de la musique et des festivités dérivaient sous les arches dans l’obscurité de la nuit. Les courtisans et les privilégiés s’étaient rassemblés, comme ils l’avaient souvent fait ces derniers mois, pour célébrer le départ de jeunes recrues aquiloniennes. Dans la matinée, les officiers partiraient à la poursuite de richesses et de glorieux périls, mais l’instant était au rêve, au festin, à la boisson et aux adieux murmurés par les amants dans les jardins du palais.

Sous la grande véranda qui donnait sur le jardin, la reine Zenobia, majestueuse dans une robe de dentelle, se reposait sur un siège capitonné, à l’écart des festivités. Par l’entrebâillement de la porte, elle apercevait les jeunes officiers et leurs dames qui dansaient au rythme de la musique. Près d’elle, Publius, chancelier d’Aquilonie et conseiller de la reine, était installé dans un autre fauteuil.

— Le bal se déroule comme prévu, Votre Majesté, l’assura-t-il. Le personnel du palais semble avoir l’habitude de ce genre de réception. Il n’est ni ennuyé, ni surchargé de travail.

— Heureusement, répondit-elle avec un sourire las. Cela nous donne l’occasion de montrer et de dépenser une partie des richesses rapportées par mon mari de ses conquêtes. Je veux que ces jeunes gens aient un dernier souvenir de leur patrie avant de partir dans ces régions d’où ils ne reviendront peut-être pas…

— Vos réceptions, ma dame, sont certes plus tranquilles et civilisées que celles de notre roi. Jusqu’à présent, nous n’avons eu ni duel, ni démonstration de combat, ni histoires de bataille, et surtout pas de troupe de danseurs nus ! (Le regard du chancelier croisa celui de Zenobia.) Je dois avouer, Votre Majesté, que votre conception des festivités est plus à mon goût.

— Vraiment, Publius ? Il est de mon devoir de promouvoir les arts et les nobles traditions d’Aquilonie, ou notre nation serait considérée comme un pays sauvage dirigé par un roi barbare. Mais ne sous-estime pas la valeur d’un cerveau primitif, ou la puissance d’un esprit débridé. Parfois, un œil étranger peut percer les voiles des hypothèses obsolètes… Parfois, une voix à l’accent rude se fait mieux entendre que les incantations du dogme pieux. Elle peut même rallier une nation à sa cause.

Une fois son discours fini, la reine Zenobia tourna les yeux vers le jardin, doucement éclairé par des constellations de lampions de papier pendus aux arbres. Un jeune officier en uniforme et sa compagne se dirigeaient vers les allées discrètes du jardin inférieur. La jeune fille n’était pas une aristocrate, mais une servante du palais. Elle semblait cependant désireuse d’aider l’effort de guerre en laissant partir un homme heureux. Lorsque le couple disparut dans les fourrés, Zenobia poussa un soupir et retourna son attention sur Publius.

— Ce fut la sauvagerie de Conan, et non pas sa royauté, qui me fit tomber amoureuse de lui dès notre première rencontre.

L’impact du reproche voilé de la reine fut adouci par

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