Classe tous risques V2 by Giovanni José

Classe tous risques V2 by Giovanni José

Auteur:Giovanni,José [Giovanni,José]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Série Noire [0428]
Éditeur: Gallimard
Publié: 2015-06-01T23:00:00+00:00


CHAPITRE VIII

— Mais dis donc, t’es pas dans un cimetière, ici ! rageait Monique.

Éric était d’accord. La chambre évoquait l’amour et la fille était belle. Ce qui ne l’empêchait pas de rêvasser à Liliane, en attendant une bonne raison de courir après.

— On n’a pas toujours envie de rigoler, dit-il.

— Et tu peux pas rigoler toute la journée ailleurs, et encore ici le soir.

— Tu vas pas recommencer, non ?

Elle traversa la pièce et se campa devant lui.

— Je trouve ça un peu trop facile ! Pas toi ? T’as qu’à te laisser vivre, t’es en bonne santé, on est ensemble et tu fais une bobine de condamné à mort. Et moi, faudrait que je sois gentille, que je marche sur la pointe des pieds, que j’attende que ça te passe.

Il se leva, lui caressa l’épaule au passage et sortit en lui disant :

— T’énerve pas, va, ça ne changera rien.

Les journaux livraient l’ambulance en pâture au public. On parlait de la mystérieuse infirmière. Le fil était renoué entre l’incident de la porte d’Orléans, et les péripéties Italie-Côte d’Azur.

Il décida de revoir Liliane Viviani pour se protéger contre ses bavardages. Il se disait ça, mais ce n’était pas très exact.

Il abandonna sa voiture au début de la rue de Verneuil presque à l’angle de la rue des Saints-Pères, et fit le reste à pied. C’était un vieil immeuble plein de poésie. Une odeur indéfinissable flottait dans la cage d’escalier. Au cinquième, il avisa la porte de gauche, vierge de toute plaque. Un long cordon pendait contre le bois sombre. Il l’agita et une très jolie femme de type oriental s’encadra dans l’ouverture. Peut-être quarante ans, peut-être davantage. Il n’évaluait pas au juste.

— Madame Weber ? demanda-t-il.

— Moi-même. Entrez, je vous prie.

Sa voix dispensait une impression de tiédeur.

— Je m’excuse de vous déranger, je viens simplement pour voir Mlle Liliane Viviani.

L’intérieur de l’appartement ressemblait à cette femme. On avait envie de s’y reposer. Stark regardait l’ourlet sensuel de ses lèvres. A mieux l’examiner, il la trouvait un peu grasse. Il se disait que c’était le sort de beaucoup de Juives, à leur maturité.

— Liliane n’est jamais là en début d’après-midi. Vous êtes M. Éric, sans doute ?

— Oui.

Il se reprocha de n’être pas venu le lendemain de leur arrivée.

— Elle travaille. Elle répète dans une troupe, à cet endroit.

Sur un petit bureau, il y avait un presse-papiers en métal, et sous ce presse-papiers, une feuille pliée en quatre. Elle la lui tendit en souriant.

— Merci beaucoup, dit-il.

Il brûlait de partir, ça devait se voir. Elle tendit sa jolie main et l’abandonna dans celle de Stark. Sa chair était douce et lourde.

Il sauta dans sa décapotable et, bien que l’encombrement parisien n’autorise aucune folie, il fut assez vite à la rue des Martyrs.

Il s’agissait d’un vaste local, au fond d’une cour. Sur la porte, qui s’ouvrait dans un petit couloir, contre une cage d’escalier, on lisait Entrez ou sortez.

Il entra. Un groupe d’hommes et de femmes discutaient, les uns debout, les autres à califourchon sur leur chaise.



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