Cinq jeunes filles dans l'Atlantique by G.G.-Toudouze

Auteur:G.G.-Toudouze [G.G.-Toudouze]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Éditeur: Hachette
Publié: 1960-11-10T00:00:00+00:00

CHAPITRE IX

FACE AUX GÉANTS DE L’ATLANTIQUE

« À carguer les toiles !… Amène partout !… Amène !… Embrayez les moteurs !… Au ralenti !… Formez le demi-cercle !… Les grandes sennes à l’eau !… Mouillez partout !… Main sur main ! En avant doucement ! »

Complètement transformé, et n’ayant plus rien du paisible savant qui masque sa timidité ordinaire sous l’abondance de son verbiage habituel, François Mareyeur, retenu par les deux mains aux haubans de tribord et tout le corps dressé, traduit à haute voix pour ses camarades de l’Aréthuse, les commandements qui, criés à tue-tête en portugais, passent d’un bateau de pêche à l’autre tout le long du demi-cercle formé par la ligne des bateaux partant à l’attaque de la proie aperçue.

Lorgnette en main, Martiale Cartier a répété le commandement ainsi transmis. Sans une hésitation, larguant les drisses toutes trois ensemble, les deux Trévarec et Paulette ont déjà cargué jusque sur le pont les deux focs, la misaine, la grand-voile, tandis que François répète un peu nerveusement :

« Amenez !… Amenez partout !… vite… Et moteur en route… Le premier requin, c’est très important : il ne faut pas le rater… La barre droite. Nous au milieu, les autres vont se rabattre en croissant. Doucement,… doucement surtout ! »

Toute capitaine qu’elle est, Martiale Cartier obéit comme les autres ; elle a bondi au moteur et l’a lancé tout en criant à Manette :

« Tiens bon, toi… »

Sous la voûte d’arrière, l’hélice a commencé de tourner, et tenant son cap, la goélette avance à toute petite vitesse, tandis que trois sur tribord, trois sur bâbord, les six grandes barques madérienses, voiles abattues et marchant à moteur au ralenti, se replient les unes vers les autres, laissant traîner derrière elles les longues nappes d’immenses filets.

« La chambre de mort – comme dans les madragues à thon, vous savez… On va l’avoir, le requin,… il faut l’avoir… »

Tout en jetant les mots par saccades, François a sauté sur le pont du haut du bastingage, et ramassant son harpon, il court se planter à l’extrême avant, s’accroche à l’étai du bout-dehors de la main gauche, et de la droite lève son arme comme un javelot en criant :

« Par M. de Buffon, mon patron ! c’est moi qui l’aurai, ce brigand-là ! »

Instinctivement rassemblées autour de la barre que Marie-Antoinette, les yeux allumés d’une flamme plus vive que jamais, maintient rigoureusement droite, les trois Bretonnes et la Bourguignonne restent un peu interdites par la soudaineté de la manœuvre et l’étrange autorité subite de leur compagnon.

Et, avec son impertinence habituelle, Paulette prononce à mi-voix :

« Je ne sais si c’est un lion de la mer qu’on chasse en ce moment,… mais pour un savant de laboratoire, il m’a tout l’air d’avoir mangé du tigre, le petit camarade… »

De longs cris partent en même temps de toutes les barques qui ont achevé leur mouvement tournant. À présent le barrage de filets à mailles de 30 ou 40 achève de se fermer : piège large pour grandes

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.