Cher amour by Inconnu(e)

Cher amour by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e) [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Lit. fr
Publié: 2012-02-08T06:17:28+00:00


Huit heures de route, quatre cents kilomètres.

Arrivée à Banaue de nuit, Rick nous trouve des chambres sur le bord de la falaise dans une pension. Magandang gabi, bonsoir. Tout est en bois, en planche, avec une rambarde en bambou pour ne pas choir dans la rivière.

Nous sommes en montagne et il fait un peu froid. Petite douche chaude, soupe, omelette, riz au poulet, tout ça près d’un petit feu dans la cheminée de pierre. Douce torpeur pour amorcer une nuit sans rêve.

Le matin nous trouve assis devant des œufs durs et un nescafé au lait. Ça me rappelle ma collation préférée quand j’étais petit, un bol de lait tiède avec de la mie de pain fraîche trempée dedans, que je pressais dans ma bouche et qui me dégoulinait sur le menton. Rick me lâche pour aller voir ses cousins. Tu as des cousins ici ? Mais oui, des cousins de ma femme. Tu as une femme aussi ? Mais oui, bien sûr. Il ne raconte pas sa vie. De toute façon je ne comptais pas l’emmener. Tu m’accompagnes un bout de route jusqu’au chemin ? Non, me fait-il avec des signes, la voiture ne passe pas. Il faut y aller en side-car. Après, il y a deux à quatre heures de marche suivant l’allure.

De jour, Banaue se bidonvillise, c’est inéluctable quand le tourisme s’installe.

Je prends place à bord d’un side orange, noir et rouge. La route est défoncée par les pluies, une heure de tapecul dans la machine à laver et j’en sors avec quelques bleus. Rendez-vous dans deux jours au même endroit.

Montagne ifugao. Jungle des coupeurs de têtes, c’est fini tout ça. C’était tout de même leur spécialité aux Kalingas de couper les têtes au bolo, le coupe-coupe local. Maintenant ils ont la tronçonneuse et se vengent sur les arbres. Après deux heures de marche je suis au col. Il y a une petite boutique en tôle ondulée pour la pause des marcheurs et les ouvriers du bois. Radio Philippines, American song, coups de marteau et tronçonneuse. Mapud Alaxata : Bonjour. Malgré mon coup de pompe, je dévale la montagne et retrouve le silence. Monter et descendre, j’ai toujours aimé ça. Je comprends votre sourire, la randonnée vous ennuie mortellement et vous avez horreur de mettre des chaussures de marche. C’est moche, ça n’a aucune élégance. Comme vous voudrez ! Pourtant je suis certain que vous êtes une bonne marcheuse, vous dévorez l’asphalte. Il y a un autre vallon, une côte sévère, une marche à flanc de colline puis un dernier col. J’ai soif, je n’ai plus d’eau et j’hésite à boire celle, pourtant très claire, qui s’écoule dans la mousse. Je fais quelques mètres jusqu’à la crête et je reste figé devant la huitième merveille du monde. Mille mètres de dénivelé en terrasse, un immense cirque, avec au fond le petit village de Batad. C’est à vivre, pas à dire, c’est à aimer, pas à écrire. Tous les nuages se reflètent dans les terrasses, c’est un gigantesque écran fragmenté.



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