Chant du coeur, Le T2 by Andrews Virginia C

Auteur:Andrews, Virginia C. [Andrews, Virginia C.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Éditeur: J'ai lu
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

10

Un abri contre l’orage

Dehors, je m’élançai droit devant moi dans l’obscurité. De lourds nuages accouraient du nord-ouest, enténébrant le ciel nocturne. Leurs masses menaçantes occultaient rapidement les étoiles et le croissant de lune, privant la nuit de sa lumière et de son éclat. J’avais espéré trouver Cary devant la maison, ou au moins sur la route, mais il n’était nulle part en vue. Je coupai à travers les dunes pour me diriger vers la plage, mais je ne voyais pas très loin devant moi. Quand je compris l'inanité de ma poursuite, un gémissement de détresse m’échappa. Cary pouvait être allé n’importe où, comment savoir ?

— Cary ! appelai-je, les mains en porte-voix, mais le vent me renvoya mon cri en plein visage.

Peut-être était-il allé vers l’océan ? Je continuai dans ce sens. Mes yeux s’habituaient à l’obscurité, mais la violence des rafales était telle que je devais lutter contre elles pour avancer, trébuchant et glissant dans le sable qui se dérobait sous mes pas. Je finis par ôter mes chaussures, estimant qu’il serait plus facile de marcher pieds nus. De temps en temps, je criais à pleine voix le nom de Cary, mais comment aurait-il pu m’entendre ? L’orage proche enflait le grondement de l’océan, les vagues se brisaient à grand bruit sur la plage et à présent, le vent hurlait. Ma voix ne devait pas porter au-delà de quelques pas.

Mon sari claquait sur mes jambes, le sable me criblait le visage et j'avançais les mains levées, pour me protéger les yeux. Mes cheveux fouettaient mon front, m’aveuglant parfois, et bientôt je sentis les premières gouttes de pluie, cinglantes, lourdes, glacées. Malgré tout, je franchis la crête de la dune et, le regard tourné vers les docks, je scrutai les ténèbres. J’étais sur le point de renoncer quand je distinguai, sur le bateau de pêche, un minuscule point de lumière. Au même instant, la tempête redoubla, la pluie tomba plus drue. En quelques secondes, mes cheveux dégoulinants se plaquèrent sur mon visage et mon sari trempé se colla sur ma peau nue. Dans un dernier effort, j’arrivai enfin au ponton et courus jusqu’au bateau.

Il roulait durement sous la bourrasque, mais je parvins à atteindre la porte de la cabine et à l’ouvrir. Une rafale me précipita dans la pièce, j'eus beaucoup de mal à refermer le panneau derrière moi. Quand je me retournai, je vis Cary assis sur la banquette, la tête basse, près d’une petite lanterne allumée. Je m’adossai à la porte, le temps de reprendre haleine.

— Cary, haletai-je. Tu vas bien ?

Fallait-il qu’il fût perdu dans ses pensées, pour n’avoir pas pris garde au vacarme ! Il releva lentement la tête.

— Pourquoi m’as-tu suivi ?

— Tout est de ma faute, je suis désolée. Je ne voulais pas t’attirer d’ennuis.

— Ce n’est pas ta faute, rétorqua-t-il amèrement. Je ne fais jamais rien que je n’aie décidé de faire, et tu avais raison à propos de mon père. Il est étroit d’esprit, stupide et cruel.

— Tu es sous le coup de la colère, Cary, mais c’est quand même ton père.

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