Caine: Les Gardiens de l'éternité, T9 (Bit-Lit) (French Edition) by Ivy Alexandra

Auteur:Ivy, Alexandra [Ivy, Alexandra]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Bit-lit
Éditeur: Milady
Publié: 2013-06-27T22:00:00+00:00

Le repaire de Gaius en Louisiane

Dans son bureau, Gaius était assis dans une bergère à oreilles en cuir, avec dans les mains un livre d’histoire qui glorifiait les batailles qu’il avait dirigées en tant que général romain. Il ne se souvenait peut-être pas de son existence humaine, mais savoir qu’il avait été un commandant brillant et craint de tous lui faisait plaisir. D’habitude, c’était ainsi qu’il préférait occuper une soirée tranquille dans son repaire.

Cette nuit-là, cependant, il ne parvenait pas à trouver la paix.

Même plusieurs heures de sexe brutal suivies par un copieux repas n’avaient pas réussi à apaiser le mauvais pressentiment qui le hantait depuis deux semaines. Jetant le livre de côté, Gaius bondit sur ses pieds et rejoignit la fenêtre sans se presser, sa robe de chambre de brocart balayant le sol.

Il savait ce qui le perturbait.

Après avoir protégé le fantôme magicien conformément aux ordres du seigneur sombre, il était retourné dans les brumes, accompagné de Dolf. Peut-être n’aurait-il pas dû être étonné de découvrir que le Maître s’était réincarné dans l’enfant. En revanche, il avait été franchement troublé par la vue de cette puissante divinité ressuscitée sous la forme d’une adolescente.

Heureusement, il avait dissimulé son appréhension grandissante – contrairement à Dolf qui avait réussi à s’attirer la colère du seigneur sombre – suffisamment longtemps pour s’enfuir des brumes.

Hors de question qu’il traîne dans le coin pour faire les frais de la frustration du Maître, qui était incapable de se servir de son nouveau corps pour revenir dans le monde. Vidé de son sang ou non, il était encore assez puissant pour transformer Gaius en une boule hurlante de souffrance.

À présent, il avait tout le loisir de ruminer ses doutes, pris entre l’envie pressante d’avoir de ses nouvelles afin qu’ils en finissent avec leur marché et qu’il retrouve sa compagne bien-aimée, et un désir grandissant que ce salopard maléfique l’oublie. Ou plutôt… cette salope maléfique.

Dès qu’il perçut l’approche d’un bâtard, Gaius veilla à masquer ses émotions avant de se retourner avec lenteur pour le regarder entrer dans la pièce. À la lueur des bougies le chien n’avait vraiment pas l’air très frais.

Au cours des deux dernières semaines ses cheveux tondus avaient poussé, parsemés de plusieurs mèches grises. Pire, il avait maigri de plus de vingt kilos, ce qui l’avait laissé le visage hâve et le ventre creux.

On était loin du corniaud impudent que Gaius avait rencontré pour la première fois à peine un mois plus tôt. Mais cela dit, ils avaient tous perdu un peu de leur morgue.

— Tu t’es débarrassé du corps ? demanda-t-il.

Dolf hocha la tête, une lueur fiévreuse brillant dans ses yeux. Le bâtard ne s’accrochait plus à la raison que par un fil. Et un très fin.

— Il pourrit au fond du marécage avec les autres. (Il étira les lèvres en une abominable imitation de sourire.) Ça vous fait une belle collection. Treize, c’est ça ?

Gaius se raidit. Il n’aimait pas qu’on lui rappelle les prostituées qu’il avait tuées ces dernières nuits. Pas à cause de sa conscience.

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