Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 by Michèle Cotta

Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 by Michèle Cotta

Auteur:Michèle Cotta [Cotta, Michèle]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Document
ISBN: 9782213637228
Éditeur: Fayard
Publié: 2008-10-07T22:00:00+00:00


30 juin

Hier, annonce de la candidature officielle de Michel Debré à la Présidence de la République.

1er juillet

Une heure avec Marie-France Garaud – que je n'avais pas revue depuis sa rupture politique avec Jacques Chirac – dans une atmosphère chaleureuse, au 31, quai Anatole-France, où Juillet et elle ont installé leurs bureaux. Murs revêtus de boiseries de chêne, feu dans la cheminée, mobilier et tissus beiges et marrons. Un grand bureau rectangulaire pour Juillet, un bureau rond pour Marie-France.

« Ici on ne s'ennuie jamais », dit-elle en regardant par la fenêtre couler la Seine. Elle me parle d'abord de Giscard. Selon elle, son ambition est simple : « Il part de cette idée, me dit-elle au fil d'un long monologue, que la France est une puissance moyenne. Pour qu'elle devienne grande, il faut la noyer dans un ensemble, l'Europe. À condition évidemment de prendre le leadership de l'Europe. Mais l'Europe ne marche pas. Du coup, Giscard n'avait plus aucun dessein.

« Il en retrouve pourtant un depuis peu, continue-t-elle. Pourquoi ? Parce qu'il s'est fait à l'idée que l'Europe, au lieu d'être une Europe-épée, pouvait être une Europe-lac où les passions s'éteignent et s'annihilent. Cela, qu'il le veuille ou non, s'appelle le neutralisme : la neutralisation de l'Europe. Dans cette perspective, il trouve l'appui d'Helmut Schmidt.

« Contre cette neutralisation de l'Europe et de tous les pays qui la composent, Chirac ne se bat pas assez : il ne stigmatise pas assez le neutralisme, il ne parle pas de la bombe à neutrons qui ruine la philosophie de la dissuasion. »

Une minute de pause dans le discours. Elle reprend son inspiration : « Ce qu'il faudrait, me dit-elle avec une extraordinaire conviction, c'est un nouvel appel de Cochin ! »

Nous évoquons maintenant ses relations avec Chirac, ce qu'elles étaient, ce qu'elles sont devenues. Elle parle de lui comme s'il s'agissait d'un gamin à la fois doué et décevant :

« Il était gêné par nous. Nous le poussions sans arrêt à coups de pied au derrière. Moi, je ne croyais plus en lui depuis 1976. J'avais vécu la vie quotidienne à Matignon, je savais que ce n'était pas un homme d'État. En 1979, au moment où nous l'avons quitté, j'ai été ravie à l'idée de ne pas aider Jacques à revenir au sommet. Pierre Juillet, lui, c'était différent : il en a éprouvé un véritable chagrin. Il a longtemps cru que Chirac était son fils, et un fils à son image. Il est tombé de haut. Moi pas. »

Elle m'a dit cela avec une brutalité particulière. Comme si elle me disait, à moi qui approche Chirac depuis des années de façon régulière : vous vous êtes trompée, vous aussi, et même plus que moi, puisque vous continuez à penser, à écrire qu'il pourrait un jour être président de la République ; il ne le sera jamais !

Elle montre un peu plus de clémence pour Michel Debré dont nous commentons la candidature récente à la Présidence. Elle pense qu'il peut desservir Giscard plus que Chirac. « Et il aura pour lui des tas de gens, assure-t-elle.



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