Brunehaut by Anne Bernet

Brunehaut by Anne Bernet

Auteur:Anne Bernet [Anne Bernet]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pygmalion
Publié: 2014-06-14T22:00:00+00:00


Cette belle lettre qui enchanterait les âmes sensibles, car Fortunat savait à merveille évoquer des sentiments inconnus de lui, peut-être aussi de Brunehilde, qu’il s’agît de l’amour conjugal, de la fierté maternelle ou de la souffrance atroce d’avoir perdu un enfant, était à lire à plusieurs niveaux : l’appel à la solidarité féminine et à l’influence de Constantina ; et la menace destinée à Maurice, assez voilée pour ne pas entraîner un incident diplomatique.

Comment l’empereur, défenseur de la catholicité, se justifierait-il de garder otage un prince catholique âgé de trois ans, orphelin de père et de mère ? Comment prétendrait-il œuvrer à l’amitié et à la paix ?

Brunehilde envoya la lettre, nécessaire afin d’asseoir son personnage d’aïeule aimante, sans s’illusionner sur ses suites. À la place de Maurice, elle n’en tiendrait aucun compte. Elle ne fut pas surprise de la fin de non-recevoir que lui opposa Constantinople. Et ne s’en inquiéta pas outre mesure. Des années passeraient avant que l’empire pût trouver une quelconque utilité au petit prince espagnol et l’enfant ne serait pas plus malheureux sur les rives du Bosphore que sur celles du Rhin. Peut-être même y serait-il paradoxalement plus en sécurité. Elle aviserait plus tard de la suite à donner à l’affaire.

Il fallait tout le talent de Fortunat pour transformer la triste fin d’Ingonde en un martyre digne des autels et en accuser l’empire à mots couverts. Il était plus facile d’en faire porter une lourde part à la cour de Tolède dont l’intolérance et les brutalités avaient poussé le jeune couple aux dernières extrémités.

Cependant, Brunehilde se sentait mal à l’aise dans cette Faide : accuser sa mère de la mort de sa fille n’était pas un cas courant de la jurisprudence germanique et la reine d’Austrasie, désireuse d’obtenir des dommages et intérêts, chercha un substitut. Childebert, plus proche parent mâle d’Ingonde, donc le mieux fondé en droit à réclamer réparation, pouvait-il poursuivre sa grand-mère en l’accusant d’avoir indirectement provoqué la mort de sa sœur ? Oui, mais Brunehilde se défiait de l’inexpérience de son fils. Elle se rabattit sur Gontran ; en tant qu’aîné de la famille et oncle de la victime, ses droits à ester en justice étaient inattaquables. Et il avait un intérêt personnel à agir : récupérer la Septimanie, enclave wisigothe en territoires francs dont la survie choquait le sentiment national.

Gontran, qui remâchait l’affront du concile, hésita longtemps à engager ses troupes dans une opération contre les Wisigoths. Il ne les aimait pas mais se gardait de les sous-estimer, savait qu’ils restaient des adversaires redoutables. L’usurpation de Gondovald se poursuivait et « le Salopard » se sentait même assez sûr de lui pour faire venir ses fils aînés de Constantinople. Était-il raisonnable d’ouvrir un second front ? Le roi se l’était demandé une partie de l’été. Ces tergiversations lui permirent de fixer un prix à son intervention en Septimanie : l’arrêt du soutien austrasien au « Salopard ». Brunehilde y consentit : la plaisanterie allait trop loin ; l’arrivée des fils de Gondovald



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