Brume by King Stephen

Auteur:King,Stephen [King,Stephen]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Éditeur: J'ai lu
Publié: 1985-08-01T22:00:00+00:00

Il posa Laverne ; ses muscles étaient à peine décrispés que ses bras se mirent à trembler violemment. Il les laissa trembler. Il s’agenouilla près d’elle ; ses cheveux formaient un éventail sombre et irrégulier sur les planches blanches. Il s’agenouilla et regarda sur l’eau le grain de beauté sombre, prêt à soulever d’un geste la jeune fille si la substance manifestait la moindre intention de bouger.

Il se mit à lui administrer de petites gifles, d’abord une joue, puis l’autre, aller et retour comme un soigneur qui essaie de ranimer un boxeur. Laverne ne tenait pas à être ranimée. Laverne ne tenait ni à passer par la case départ pour ramasser deux cents dollars ni à payer une amende en passant à la gare.

Laverne en avait assez vu. Mais Randy ne pouvait pas la surveiller toute la nuit, la soulever comme un sac de patates à chaque fois que la substance se mettait à bouger (et en plus on ne pouvait pas regarder cette chose trop longtemps). Cependant, il connaissait un truc. Il ne l’avait pas appris à l’université. C’est un ami de son frère aîné qui le lui avait indiqué. Cet ami avait exercé une profession paramédicale au Viêt-nam et il connaissait toutes sortes de trucs – comment attraper des poux sur un crâne et leur faire faire la course dans une boîte d’allumettes, comment couper de la cocaïne avec un laxatif pour bébés, comment recoudre de grosses entrailles avec du fil et une aiguille ordinaires. Un jour ils avaient évoqué les différents moyens de ranimer les gens ronds comme des queues de pelle afin que les gens ronds comme des queues de pelle ne s’étouffent pas dans leur propre vomi au risque d’en mourir comme Bon Scott, le chanteur du groupe AC/DC.

— Tu veux ranimer rapidement quelqu’un ? avait demandé l’ami au catalogue de trucs intéressants.

Essaie donc ça.

Et il lui avait indiqué celui que Randy utilisa alors.

Il se pencha et mordit le lobe de l’oreille de Laverne aussi fort qu’il le put.

Un sang chaud et amer jaillit dans sa bouche.

Les paupières de Laverne s’ouvrirent d’un coup comme des stores. Elle poussa un cri rauque, animai, et lui lança une volée de coups. Randy leva les yeux et n’aperçut qu’un bout de la substance ; le reste était déjà sous le radeau. Elle s’était déplacée silencieusement avec une vitesse terrible et inquiétante.

Précipitamment, alors que ses muscles criaient en signe de protestation et tentaient de se nouer en une crampe, il souleva Laverne. Elle lui martela le visage. L’une de ses mains heurta son nez si sensible et il vit trente-six chandelles.

— Arrête, cria-t-il en traînant les pieds sur les planches. Arrête, espèce de salope, elle est en dessous, arrête ou je te lâche, nom de Dieu, j’te jure que j’le fais !

Les bras de Laverne cessèrent immédiatement de battre l’air et elle les referma calmement autour de son cou, comme une noyée. Ses yeux paraissaient blancs dans la lumière mouvante des étoiles.

— Arrête !

Elle continua.

— Arrête, Laverne, tu m’étrangles !

Plus étroitement.

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