Blanc comme veuve by Fyfield Frances

Auteur:Fyfield, Frances [Fyfield, Frances]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Veuve, Entreprise de séduction, Policier
Éditeur: Le livre de poche, Policier
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

celui d'acheter une chemise neuve tous les jours,

accaparait tout son esprit, symbole de toutes les

choses qui lui faisaient aujourd'hui défaut. La

chemise du jour était atroce, c'est tout ce qu'il avait

pu trouver sur High Street à neuf heures du matin.

Bleue avec des raies rouges, un parfait repoussoir

pour son teint rougeaud. Il n'avait jamais été plus

bas.

- Je n'ai plus nul e part où al er, chef, dit Ryan en se

redressant pour atténuer l'accent pitoyable de sa

voix, conscient et honteux néanmoins de l'être, tout

en se frottant le front, soulagé par ses aveux,

presque tenté de faire une mauvaise plaisanterie sur

le sujet, sans attendre vraiment de sympathie, mais

peut-être un espoir de compréhension, de

préférence dépourvue de jugement.

- Tu as une sale tête.

Ce fut le seul apitoiement de Bailey...

- Un vrai zombi. Tu n'es d'aucune utilité pour qui que

ce soit dans ces conditions. Tu es un pauvre type

qui a besoin de douze heures de sommeil.

Il fouil a dans ses poches. Pendant un instant

interminable, Ryan crut que Bailey al ait lui donner

de l'argent comme à un clochard dont on veut se

débarrasser.

-Tiens...

La main ouverte lui présentait des clés, en fait. Les

clés d'une voiture et les clés d'une maison...

-Tu sais où j'habite? Tu y es monté une ou deux fois,

non?

Ryan acquiesça.

- Parfait. Alors vas-y. Prends une douche, mange,

fais ce que tu veux, mais va te coucher, bon Dieu.

Dors dix heures au moins avant de chercher à

prendre une quelconque décision. Demain, nous

reparlerons de tout cela. Prends la chambre, comme

cela je ne te dérangerai pas en rentrant. Et

téléphone à tes femmes avant, vu? Pour qu'el es ne

s'imaginent pas que tu as choisi de te jeter sous un

train. Je me demande bien pourquoi el es se

soucieraient de ton sort, mais c'est pourtant ce

qu'el es vont faire.

- C'est inutile, chef, marmonna Ryan. Aucune des

deux ne m'attend.

- Tu en es sûr?

- Absolument.

- Alors file. Il y a de quoi manger dans le frigo, et la

machine à laver est dans la cuisine.

L'homme était parfois un mystère.

- Merci.

Les genoux de Ryan tremblaient à l'idée d'une

véritable nuit de sommeil ; mais il hésitait encore,

sachant qu'il ferait mieux de tout avouer et de

refuser.

- Chef? Ces surveil ances... sur les fils Jaskowski et

les autres... Je ne les ai pas réel ement...

- Je sais. Tu les as toutes sautées, ou seulement

quelques-unes.

- J'ai fait les premières.

Ryan était consterné de sentir des larmes de honte

brûler ses paupières rouges. Il y eut un silence, et il

se prépara à rendre les clés du sommeil.

- File et va te reposer, vieux, avant que tu n'aies un

accident ou que tu ne tombes dans l'escalier.

Sauve-toi. Je te porte malade; on reparlera de tout

ça plus tard.

Le calme de la voix n'avait rien de terrifiant, il n'y

avait nul e menace cachée. Le sourire contraint et

penaud de Ryan rencontra un sourire plus rare

encore, celui de Bailey qui lui accordait un pardon

résigné; un sourire dissimulant toutefois le malaise

qui le gagnait à chaque fois qu'il se laissait

émouvoir. Et Ryan, plein de reconnaissance, sortit

du bureau.

Qui pourrait jamais lui expliquer ce trouble irritant

qu'il ne pouvait nommer, cette crainte puérile de la

misère des autres - qu'un

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