Au secours, je prends l'avion ! by Edwards-Jones Imogen

Auteur:Edwards-Jones Imogen
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: City Edition
Publié: 2016-11-10T05:00:00+00:00

12

De 16 à 17 heures

Andy et moi essayons d’amadouer le jeune garçon dans les toilettes quand Barry arrive, tout rouge et hors d’haleine. Grand et gros, avec une voix tonitruante faite pour résonner dans toute la nef, Barry est le genre de type gentil et exubérant à qui l’on a envie de tout confesser.

– Pardon, pardon, pardon, dit-il en se plantant devant le box que j’occupe, sa chemise noire lui collant à la poitrine et son pantalon tout froissé. Je me suis fait retenir par les douanes. Une horreur.

Il secoue la tête.

– Alors, reprend-il en souriant, semblant se concentrer sur ce qui l’amène. Qu’est-ce qui se passe, ici ?

Je descends du trône et l’invite à s’écarter un peu, estimant préférable de discuter loin des oreilles de l’ado suicidaire.

– Il est jeune, dis-je à Barry qui opine du chef, les bras croisés sur son buste épais. Je crois qu’il a avalé des comprimés.

– Des comprimés ? répète Barry. Quel genre de comprimés ?

– Aucune idée. Je ne sais même pas s’ils sont dangereux, mais je pense que oui.

– Juste ciel. J’espère que ce n’est pas du paracétamol. Je déteste quand ils en prennent. On croit les avoir tirés d’affaire, on leur fait un lavage d’estomac, puis ils meurent d’insuffisance hépatique trois jours plus tard. Saleté, ce truc.

– Eh bien, je ne sais pas ce qu’il a pris, mais il semble vraiment avoir envie de se tuer.

– Bon. Une histoire de petite copine ?

– Oui.

– Il vient de lui dire au revoir ?

– Je crois, oui.

– Et il doit embarquer ?

– On dirait bien.

– OK. Police et ambulance ?

– En route.

– Donc, je ne suis pas en retard.

– Non, vous êtes le premier.

– Bien.

Il sourit.

– Alors, allons-y.

Barry et moi retournons ensemble dans les toilettes. Nous sommes immédiatement suivis par deux Italiens.

– Désolé, dit Barry en se retournant pour les arrêter tous deux. Nous avons un problème à régler ici.

Peut-être est-ce le col d’ecclésiastique ou la puissance naturelle de sa voix ; en tout cas, les Italiens font demi-tour sur-le-champ sans protester.

– Andy ? lance-t-il. Pourriez-vous rester à l’extérieur et empêcher les gens d’entrer, s’il vous plaît ?

Andy se lève et sort de son box.

– Une amélioration ? demande Barry à Andy comme celui-ci passe devant lui.

– Aucune, répond-il. Il ne veut toujours pas me dire comment il s’appelle.

Barry frappe à la porte derrière laquelle l’ado s’est barricadé.

– Bonjour, dit-il. Je m’appelle Barry et je suis venu pour t’aider.

– Barrez-vous, reçoit-il en guise de réponse.

– J’en serais vraiment ravi, répond Barry en riant. Je déteste passer du temps dans des toilettes. C’est sale et ça pue. Qu’est-ce que tu fabriques ici ?

– Fichez-moi la paix.

– Malheureusement, ça ne va pas être possible. Dis-moi plutôt ce que tu fais dans cet endroit, tu veux ?

– Non.

– Je ne partirai pas avant de le savoir.

– J’en ai rien à foutre.

– Eh bien, tu devrais, dit Barry. Parce que je n’ai pas encore déjeuné, et je meurs de faim. Si tu voyais le morceau que je suis, tu comprendrais pourquoi je ne rigole pas avec les repas.

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