Astres enchaînés by Maurice Limat

Auteur:Maurice Limat [Limat, Maurice]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science Fiction
ISBN: 2-265-00102-3
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1976-08-31T16:00:00+00:00

CHAPITRE XI

Après chaque émission, voire pendant qu’elle-même parlait en essayant de trouver les accents les plus convaincants, Dahir songeait à ses auditeurs : l’ensemble des Terkvooriens auxquels sa parole était destinée, mais plus particulièrement à Ramkos et à un certain groupe d’individus.

De ces derniers, elle ne savait pas grand-chose. Il y avait eu l’intervention du fantôme noir à bord du carobus, apparition suivie d’un crime aussi gratuit qu’abominable : trois personnes assassinées.

Des menaces à son encontre. Le sabotage du palais sous-marin qui ne pouvait être que le fait de cette singulière organisation.

Et Ramkos ? S’il vivait encore, ce qu’elle souhaitait de toute son âme, il pouvait la voir, l’entendre. Car il était bien évident que, dans l’air de mort qui ne cessait de devenir plus nocif à chaque minute, tous les Terkvooriens captaient à présent ces émissions qui pouvaient constituer quelque espérance.

C’était donc bien aussi à Ramkos qu’elle s’adressait, disant qu’il fallait oublier les querelles du passé, accepter la coopération de Lokl, croire à ce salut venant de la planète autrefois ennemie, et lui en offrir toute gratitude.

S’exprimant ainsi, Dahir le savait, elle conseillait à ses coplanétriotes, s’ils survivaient, de tendre le cou au joug des Lokliens.

Que pouvait penser Ramkos, s’il suivait les émissions venant de Vikra ?

Tout cela défilait à toute vitesse dans l’esprit de Dahir, tandis qu’Iki, près d’elle, paraissait terrorisée.

Il est vrai que Vikra ne possédait pas l’installation d’une base guerrière. Les Lokliens estimaient désormais n’avoir que bien peu à craindre de Terkvoor, dont la majorité de la population, déjà décimée, sombrait dans une apathie maladive.

L’apparition d’un vaisseau spatial construit indubitablement sur Terkvoor avait donc de quoi surprendre et les Lokliens de Vikra s’efforçaient de mettre promptement le planétoïde en état de défense, encore que peu de choses aient été prévues pour la stratégie.

Dahir entendit, comme dans un rêve, Iki qui lui disait :

— Voyez, dame ambassadrice, il a l’air d’avoir trois yeux…

Elle sursauta. Trois yeux, c’est-à-dire trois phares.

C’était, sur Terkvoor, caractéristique. Tous les engins possédaient en effet, de façon absolue, trois éléments luminescents à l’avant, aussi bien les terrestres que les aériens ou les spatiaux, voire les subaquatiques.

Elle ouvrit les yeux, autrement que demeurant dans cette sorte de cauchemar qui constituait son état permanent. Elle observa le navire de l’espace, bien net sur l’écran. Oui, trois yeux, Iki avait raison.

Des Terkvooriens, ses coplanétriotes. Mais en raison de l’état dans lequel elle avait vu pour la dernière fois le peuple de Terkvoor, Dahir pouvait se demander qui pouvait bien monter un tel astronef, qui n’avait rien de commun avec les engins sertis d’eau utilisés par les Lokliens.

Qui, sinon ces fantômes noirs résolus à empêcher à tout prix les districts de tomber sous la coupe de Lokl, de Lokl devenue planète salvatrice ?

Et que venaient-ils faire à Vikra ? Sans doute n’arrivaient-ils pas avec des intentions pacifiques. C’étaient certainement des révoltés, puisque les airports de Terkvoor ne fonctionnaient plus depuis longtemps, qu’aucun navire spatial ne s’envolait plus normalement.

Des désespérés… des fous…

Peut-être des fous dangereux !

Ils refusaient l’esclavage. Maintenant, Dahir s’interrogeait.

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