Aristote, l'intelligence et Dieu by Thomas de Koninck

Aristote, l'intelligence et Dieu by Thomas de Koninck

Auteur:Thomas de Koninck
La langue: fra
Format: epub
Tags: Sciences humaines et sociales
Éditeur: Presses Universitaires de France
Publié: 2015-12-31T00:00:00+00:00


2 - L’appréhension des natures simples

Mais, auparavant, arrêtons-nous un moment aux parallèles cartésiens, comme promis. Les exemples de natures simples, groupés sous trois rubriques, que fournit la Règle XII (AT, X, 419, 7-420, 2), permettent d’entrevoir aussitôt la différence avec Aristote : a / Les natures simples « purement intellectuelles », n’exigeant que la rationalité de l’esprit, telles la connaissance, l’ignorance, le doute, l’action de la volonté, etc. ; b / Les natures simples « purement matérielles », demandant l’intervention de l’imagination, ainsi la figure, l’étendue, le mouvement, etc. (AT, X, 420, 7) ; c / Les natures simples communes, se subdivisant en deux types : celles qui s’appliquent indifféremment aux natures simples intellectuelles et matérielles, comme l’existence, l’unité, la durée, etc., et celles qui permettent de lier entre elles les autres natures simples en tant que koinai doxai (« notions communes »), comme, par exemple : « Deux quantités égales à une même troisième sont égales entre elles » (419, 26-27).

Nous reviendrons, en conclusion, sur a / les natures simples purement intellectuelles.

À propos de b /, les natures simples « purement matérielles », Marion a parfaitement mis en relief leur statut de sensibles communs au sens aristotélicien (« le mouvement, le repos, le nombre, la figure, la grandeur »), qui fait que d’ores et déjà « en fondant explicitement la compréhension des “choses purement matérielles” hors d’elles-mêmes, mais immédiatement dans l’indifférence des sensibles communs, Descartes confirme et achève toute l’abstraction eidétique qui, depuis leur début, commandait l’épistémologie des Regulae » [14] .

Les propos suivants de Descartes confirment une première fois cette différence :

« Nous disons donc premièrement, qu’il faut considérer chacune des choses quand elles sont ordonnées à notre connaissance autrement, que si nous parlions des mêmes pour autant qu’elles existent réellement. Car si, en un mot, nous considérons un corps étendu et doué de figure, nous avouerons certes qu’il est, de la part de la chose, un et simple : car il ne pourrait, en ce sens, être dit composé de nature corporelle, d’extension et de figure, puisque ces parties n’ont jamais existé distinctes les unes des autres ; mais au respect de notre entendement, nous l’appelons un composé de ces trois natures, parce que nous les avons entendues chacune séparément, avant de pouvoir juger, qu’elles se trouvent toutes trois ensemble en seul et unique sujet. C’est pourquoi, comme nous ne traitons ici des choses, que pour autant que nous les apercevons par l’entendement, nous n’appelons simples que celles seulement, dont la connaissance est si transparente et distincte, que l’esprit ne pourra les diviser en plusieurs autres qui lui soient connues plus distinctement, tels sont la figure, l’étendue, le mouvement, etc. ; mais nous concevons que toutes les autres sont d’une certaine manière composées de celles-ci ».

(Règle XII, 418, 1-19)



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