Arènes sanglantes by Vicente Blasco Ibáñez

Arènes sanglantes by Vicente Blasco Ibáñez

Auteur:Vicente Blasco Ibáñez [Ibáñez, Vicente Blasco]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romans
Éditeur: Ebooks libres et gratuits
Publié: 2015-10-09T20:01:12+00:00


Cependant la famille de Gallardo était à la ferme de la Rinconada. La señora Angustias, après une existence de misère passée dans les taudis de la ville, aimait la vie rustique. Carmen aussi se plaisait à la campagne. Son caractère de femme active la poussait à surveiller de près le travail des serviteurs, et elle savourait le plaisir de posséder de vastes propriétés. Au surplus, les enfants du sellier, ces neveux qui remplissaient autour d’elle le vide laissé par l’infécondité, avaient besoin de l’air des champs. Quant au matador, en faisant partir sa femme et sa mère pour la ferme, il leur avait promis de les rejoindre bientôt ; mais il retardait son arrivée sous toute sorte de prétextes, et il vivait dans sa maison de la ville sans autre compagnie que celle de son domestique Garabato. C’était une existence de célibataire qui lui donnait toute liberté pour ses relations avec doña Sol.

Montés l’un et l’autre sur des chevaux fringants, vêtus comme le jour du derribo de reses, tantôt seuls, tantôt en compagnie de don José, dont la présence atténuait un peu le scandale de cette exhibition, ils allaient voir des taureaux dans les pâturages proches de Séville, « essayer » des bouvillons dans les parcs du marquis. Doña Sol aimait passionnément le danger, exultait d’allégresse à piquer les bêtes avec la garrocha ; et souvent, lorsqu’un animal, au lieu de fuir, se retournait contre elle et l’attaquait, Gallardo était obligé d’accourir à son aide.

D’autres fois, si l’on annonçait un « encagement(149) » de taureaux pour les cirques qui, sur la fin de la saison hivernale, donnaient des courses extraordinaires, ils se dirigeaient vers la gare de l’Empalme(150).

Doña Sol examinait curieusement ce lieu, qui est le centre d’exportation le plus important pour l’industrie taurine. Il y avait là d’immenses cours contiguës à la voie ferrée ; et d’énormes caisses de bois gris, montées sur roues, avec deux portes à coulisses, s’y alignaient par douzaines en attendant la bonne époque des expéditions, c’est-à-dire les courses d’été. Ces caisses avaient voyagé par toute la péninsule, portant dans leurs flancs des taureaux sauvages jusqu’aux villes les plus lointaines, puis revenant vides pour en prendre d’autres. Le leurre imaginé par l’homme et l’astucieuse adresse des gens du métier réussissaient à rendre aussi maniables qu’une marchandise quelconque ces bêtes féroces habituées à la liberté des champs.

Les taureaux à expédier en wagon arrivaient au galop, par une route large et poudreuse, entre deux haies de fils de fer garnis de pointes aiguës. Ils venaient de pâturages éloignés, et, quand ils approchaient de l’Empalme, leurs conducteurs, pour les tromper mieux, leur faisaient prendre une allure furibonde.

En avant chevauchaient à fond de train les mayorals(151) et les bouviers, la pique à l’épaule, et derrière eux couraient les sages cabestros, protégeant les conducteurs avec leurs cornes démesurées. Ensuite venaient les taureaux de combat, les bêtes farouches destinées à la mort, bien « enrobées(152) », c’est-à-dire entourées par des bœufs domestiques qui les empêchaient de s’écarter de la route et



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